Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 30.djvu/436

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

admise par l’ennemi, ne nuirait pas aux intérêts de la France et de l’Angleterre en Afrique et ne contrecarrerait pas leurs projets. Les documens relatifs à cette négociation ont été publiés dans le Livre Gris et figurent dans les pièces nos 57, 58, 59, 61, 74, 75. On y lira les motifs qui ne permirent pas à la France et à l’Angleterre d’accueillir la suggestion de la Belgique.

Il y eut ensuite, du 17 au 22 août 1914, une situation d’expectative. La neutralisation du bassin conventionnel du Congo étant impossible, le gouvernement belge se borna à maintenir, autant qu’il l’a pu, sa propre colonie en dehors du champ des hostilités. Mais, le 22 août, les Allemands ouvrirent eux-mêmes les hostilités contre le Congo belge. Le vapeur ennemi Hedwig von Wissmann se mit à la recherche du vapeur belge Alexandre Delcommune et se présenta devant le port belge de Lukuga, sur le lac Tanganika. Sans sommation aucune, il bombarda le bateau belge et la position organisée à terre. Celle-ci riposta et l’ennemi se retira. Le combat d’artillerie avait duré une heure trois quarts.

Les Allemands ayant ainsi ouvert les hostilités, le gouvernement belge modifia ses instructions antérieures. Le gouverneur général du Congo devait, dès le 28 août, répondre à cette agression par tous les moyens en son pouvoir, sans en exclure l’offensive en territoire ennemi. Ainsi le concours de la Belgique à la cause commune en Afrique devenait effectif dans la mesure où il serait utile qu’elle prit l’offensive, soit seule, soit avec l’appui des troupes françaises et britanniques, en vue de défendre l’intégrité du territoire colonial belge. Par la même occasion, le gouverneur général était autorisé à admettre éventuellement l’entrée des troupes amies en territoire belge et à accorder la coopération des troupes belges à la défense des territoires français et britannique contigus à la frontière belge. On vient de voir qu’au cours des opérations militaires faites dans le Cameroun par la France, l’intervention des contingens belges fut un des facteurs du succès. On verra bientôt que des troupes belges, répondant à l’appel des autorités britanniques, de la Rhodésie et du gouverneur général de l’Afrique équatoriale française, sont entrées en Rhodésie et ont passé sur la rive droite de l’Ubangi pour prêter main-forte aux troupes franco-anglaises.