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raccorder de concert, il n’était question de rien moins que de procéder au partage du Congo belge.

Tirant de leur acquisition nouvelle des avantages militaires immédiats, les Allemands, dès la déclaration de guerre, concentrèrent leurs troupes à Bonga et à Zuiga. Le premier but à réaliser, sans aucun retard, devait donc être pour nous l’occupation de ces deux postes. Pour cela, deux colonnes furent aussitôt préparées, l’une à Mossaka et l’autre à Bangui.

Les Allemands avaient, dès les derniers jours de juillet 1914, violé le principe de la neutralité conventionnelle du Congo. Ils avaient fait circuler sur le fleuve une canonnière armée qui arrêtait toutes les chaloupes et les pirogues descendant le fleuve. De plus, ils faisaient recruter par leurs émissaires des tirailleurs jusque sur le territoire belge. Dans ces conditions, l’accord international qui garantissait cette neutralité étant rompu par un des contractans, nous étions libres de nos mouvemens contre lui.

D’autre part, pour assurer la défense du Gabon, deux autres colonnes furent réunies à Milzio et à M’Vadhi : elles avaient pour objectif de surveiller les forces ennemies d’Ozem et d’Aloayui.

A la nouvelle de la déclaration de guerre, ces colonnes agirent indépendamment les unes des autres et sur des théâtres d’opérations différens. Il convient donc d’exposer séparément leur rôle, en faisant déjà remarquer toutefois qu’au cours des événemens ultérieurs, ces offensives séparées, en atteignant petit à petit le but fixé à chacune d’elles, se sont fondues dans une action générale dont toutes les parties sont parfaitement coordonnées.

Nous examinerons d’abord le rôle de la colonne de la Sanga.

Un détachement de tirailleurs, accompagnés d’une pièce de 47, s’était porté dès le 2 août à Mossoke. Quatre jours après, il reçut la nouvelle des hostilités. Immédiatement, il s’empara du poste allemand de Bonga, dans lequel furent trouvés 150 mausers et un important approvisionnement de munitions. Bientôt, ce détachement fut renforcé de 4 pièces d’artillerie. Il convenait de consolider notre base d’opérations à l’embouchure de la Sanga et de pouvoir secourir éventuellement Ouesso. Quittant Bonga le 19 août, ce corps était rejoint à Pikunda