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difficile le siège de Garua, qui reste une opération de nature longue et pénible.

En plus de ses deux canons de montagne, le colonel Brisset reçut un canon de 95 venu de Dakar. De son côté, le gouverneur de la Nigérie envoya un canon de marine. La prise de Mora, désormais étroitement bloquée, n’était plus qu’une question de jours. En effet, elle tomba en notre pouvoir le 12 juin, nous livrant ainsi un solide point d’appui dans le Nord et privant l’ennemi d’un appoint d’autant plus utile à sa cause qu’elle était plus que jamais compromise dans les autres parties du pays. Sur une garnison de 500 tirailleurs, 200 furent faits prisonniers et envoyés à Yola, tandis que les 300 autres, mettant à profit l’obscurité de la nuit, gagnèrent la brousse. Les prises furent de 200 fusils, 40 mitrailleuses, 4 canons, 700 obus et 80 000 cartouches.

La colonne franco-anglaise s’est alors dissoute. Le contingent britannique fut envoyé sur la frontière Ouest. Quant aux Français, ils gagnèrent Ngaundere.


Il faut examiner maintenant quel fut le rôle des troupes de l’Afrique équatoriale française et ainsi nous descendrons plus au Sud-Est, sur le théâtre des opérations.

Les entreprises de ces troupes ont été de beaucoup les plus importantes, non pas tant à cause de leur nombre, mais, ce qui compte surtout, par la valeur des résultats obtenus.

Dès la période de tension politique qui précéda l’ouverture des hostilités, les autorités locales se préoccupèrent d’assurer à tout prix la liberté des communications entre Brazzaville et Bangui.

On n’a pas oublié que l’Allemagne, par la Convention de 1911, était parvenue à atteindre le fleuve Congo Poursuivant l’exécution d’une arrière-pensée d’accaparement, elle avait exigé la cession de deux pointes de territoire qui la rapprochaient du Congo belge. Depuis, le baron Beyens, qui vient de prendre la direction des Affaires étrangères belges, nous a révélé, dans sa contribution au vivre Gris, les réelles intentions du gouvernement allemand, M. de Jagow, à la date d’avril 1914, voulait provoquer une entente franco-anglo-allemande en Afrique contre la Belgique. Sous prétexte de chemins de fer à construire et à