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compagnie et demie et l’oblige ensuite à reculer. Au bout de quatre heures de lutte, l’ennemi était en pleine déroute. Une poursuite ardente jetait le désordre dans ses rangs. Nous avions eu dans cette affaire 4 tués et 11 blessés contre une perte pour l’ennemi de 20.Européens, dont on trouva les cadavres, et une soixantaine d’indigènes. Il fallut s’en tenir là, parce que l’ennemi, s’engageant dans la forêt très épaisse et par des sentiers inconnus des nôtres, se fractionna en de petits détachemens.

De son côté, le contingent qui occupait Kribi, sur la côte, cherchait a se dégager. À cette fin, il envoyait de fortes patrouilles dans toutes les directions. Le 24 janvier, un bataillon anglais vint le relever, ce qui lui permit de retourner à Edea.

La colonne Mayer se trouva bientôt renforcée par la concentration de tous ses élémens. Ceux qui avaient été laissés à Kribi, ceux qui avaient été retenus à Duala, enfin l’arrivée d’une nouvelle compagnie, venue de Dakar, permirent une reconstitution solide. Elle put continuer sa marche en avant dès le commencement d’avril.

La coordination entre les opérations du corps expéditionnaire franco-anglais et celles des colonnes de l’Afrique équatoriale française, fut décidée au cours d’une entrevue du gouverneur Fourneau et du général Dobell au commencement d’avril. Deux colonnes furent formées dans cette intention. La première comprenait des troupes françaises avec de l’artillerie, dirigées par le colonel Mayer ; la seconde était constituée de troupes britanniques, envoyées par le général Dobell pour renforcer et flanquer la colonne Mayer. L’objectif de celle-ci se trouvait à l’Est. C’était Esseka sur le chemin de fer d’Edea à Zaounde et ensuite Zaounde même.

Pour aller d’Edea à Esseka, les Français empruntèrent la plate-forme de la voie ferrée en construction. Le corps anglais suivit au Nord la route parallèle à la voie ferrée.

Tout se présenta d’abord favorablement. Le 14 avril, tandis que notre détachement force le passage de la rivière Kele, au pont de la voie ferrée, les Anglais chassèrent l’ennemi du pont de la N’Give sur la route de Yaounde. Le 4 mai, la colonne anglaise du lieutenant-colonel Haywood s’empare de la position de M’Bêla sur la route de Yaounde à 75 kilomètres d’Edea., Le 6 mai, les troupes françaises du commandant Mechet s’emparent de Sende, sur la voie ferrée, à la même distance d’Edea.