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De notre côté, en effet, nous avons entrepris les opérations contre le Cameroun à peu près simultanément sur les frontières terrestres du Nord, de l’Est et du Sud. Ce fut la tâche des troupes françaises du Tchad et de l’Afrique équatoriale, tandis que sur la côte un corps de débarquement franco-anglais prenait l’offensive.

Les troupes allemandes occupant le Cameroun comprenaient 11 compagnies et une escouade de police à effectif moyen de 125 hommes, plus 15 gradés indigènes. Ces unités furent, par l’appel des réserves locales, portées à 200 hommes. En outre on créa quatre détachemens de réserve du même effectif. Toutes ces troupes étaient solidement encadrées par les Européens résidant sur place, et pourvues de deux à quatre mitrailleuses par compagnie.

Les Allemands armèrent encore un assez grand nombre de partisans originaires du pays qui sont utilisés, soit à compenser les pertes subies par les compagnies régulières, soit à opérer par groupes isolés. Au total, on peut estimer les forces de l’ennemi à près de 5 000 hommes bien armés, abondamment pourvus de munitions, et dont l’instruction militaire était en général excellente. Sa parfaite connaissance du terrain lui a permis d’en mettre à profit toutes les difficultés naturelles, surtout les marécages qui s’étendent à l’Est et les forêts épaisses qui en couvrent les parties Ouest. Ainsi, les Allemands purent retarder la marche en avant de nos diverses colonnes par la défense énergique et bien préparée des points de passage. Un excellent réseau routier leur permet de se concentrer rapidement pour tomber à l’improviste sur nos colonnes isolées. En cas d’insuccès, ils pouvaient se retirer en s’éparpillant dans toutes les directions pour aller se reformer ailleurs, rendant ainsi illusoire toute tentative de poursuite.

Nous trouvons reproduites ici à notre détriment, mais sur un théâtre plus modeste, les difficultés qui, en Europe, guettent les Austro-Allemands dans leur lutte contre la Russie, maintenant en retraite dans les profondeurs de son territoire. Au Cameroun, au fur et à mesure que l’aire sur laquelle l’ennemi se meut semble diminuer, les obstacles augmentent pour nos colonnes. Nos lignes de communication atteignent un