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sur toutes les perfections que tu lui prêtes. Tu m’accorderas au moins qu’il manque de jugement… »

Jeudi 1er décembre.

M. Arese m’a conté que la Reine l’a chargé de voir tous les papiers du Prince pour brûler ce qui est nécessaire, et garder le reste. Il a vu les lettres de la princesse Mathilde, ne connaissait pas son écriture… Il a lu la première. C’était un grand pathos sur ce que le Prince lui avait demandé de ses cheveux… Je lui ai dit qu’il devrait emporter au Prince le portrait que la Reine a fait de Mathilde. Il le fera. Il m’a priée de lui faire un brouillon pour la princesse Charlotte, pour la remercier d’abord d’un portefeuille qu’elle lui a fait, puis pour demander des lettres pour le Prince, tant d’elle que de la princesse Mathilde, et surtout de lui dire sur quoi le Prince devait compter relativement à cette dernière. Il a ajouté qu’il savait qu’il pouvait me parler de tout cela, que la Reine n’avait rien de caché pour moi, que j’étais de la famille.

Arenenberg, mardi 20 décembre 1836.

M. Bohl, secrétaire du prince de Montfort, est arrivé, venant dire que son prince était à Stuttgard et ne passerait pas ici parce que le roi de Wurtemberg l’engage à ne pas le faire, pour ne pas se compromettre. Nous avons été atterrées d’une pareille lâcheté !

Pauvre Prince, il ne sera pas trompé sur les sentimens de sa famille ; mais ce qui l’affligera beaucoup, c’est la conduite de Jérôme et de sa fille ! Est-il croyable que la princesse Mathilde n’ait pas écrit un seul mot à sa tante, depuis tous ces événemens ? La Reine, d’après la lettre de M. Arese, disait que Jérôme avait conté à la grande-duchesse avant tous ces malheurs qu’il se souciait peu de ce mariage, la Reine comptait bien lui dire de n’y plus penser ; mais elle n’en a pas eu la peine. M. Bohl a visité Gottlieb dont le prince Jérôme veut se défaire le plus vite possible.

Lundi 10 mars 1837.

M. Conneau m’a conté son arrivée à Florence, le 7 novembre [c’est ce jour-là même qu’il a appris l’événement de Strasbourg], sitôt que la princesse Charlotte l’a su arrivé, elle a couru chez lui pour avoir des nouvelles ; elle lui a demandé s’il apportait