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Valérie à ses sœurs.
Jeudi soir, 29 septembre.

…Nous menons la vie la plus dissipée. Nous ne faisons rien et ne trouvons le temps de rien faire, absolument rien. Le prince de Montfort est arrivé avec son fils cadet. Il a écrit à l’aîné de venir le voir de Stuttgard, ce qui voudrait dire qu’il est ici pour quelque temps. Nous avons tout de suite donné un rôle dans le proverbe au prince Napoléon. On attend le Prince mardi 4. Ce jeudi 29, on a dansé le soir et le prince Napoléon est rentré en grâce avec toutes ces demoiselles. Nos journées se perdaient à se promener ou à répéter le, proverbe et je ne me rappelle de tous ces jours-là que du bruit et du mouvement. Depuis les Tascher et le bon mot de M. Marliani, le salon était resté partagé entre les grands et les petits, pour ne pas dire les vieux et les jeunes ; je cumulais, j’étais des deux salons : mon devoir et mon vouloir… Je reviens à ma course à Constance, Elisa et Hortense ont voulu marcher en avant, je suis restée à attendre les lettres avec le prince Napoléon et M. Perregaux. C’est alors qu’ils m’ont entraînée au cabaret. Nous étions à manger notre fromage lorsque les demoiselles de Maunbach ont passé, conduites par leur frère, nous les avons appelées et elles sont venues goûter notre fromage en attendant les lettres comme nous…

Le dimanche 2 octobre, on joua notre proverbe. Mlles de Serreville s’en promettaient un grand plaisir de moquerie, sans doute, selon leur habitude, mais elles n’eurent rien à dire ni à critiquer et elles en étaient si capotes qu’elles ne trouvaient rien à ajouter aux complimens qu’on faisait aux acteurs ; je n’étais que souffleur. La danse a terminé, comme de coutume, la soirée.

Mardi 4 octobre.

Nous revenions fort tard de Constance et lorsque nous descendions de voiture, le prince de Montfort nous dit : « Devinez qui est arrivé pendant votre absence ? » Après avoir nommé plusieurs personnes, il, nous dit enfin : « Le prince Max de Leuchtenberg. » La Reine en avait été si émue de plaisir qu’elle en avait pleuré de joie. Je la trouvai au salon avec lui. Lorsqu’elle mêle présenta, il courut chercher une lettre de Joséphine