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tout. Elle n’ira pas à Interlach par économie et vend ses bijoux par bric et par broc. Je me désole de voir toutes ces choses enrichir des Juifs de bijoutiers. La duchesse de Raguse arrive un de ces jours et emportera à Paris le beau diadème dont je t’ai parlé l’autre jour. Hier, j’ai fini ma blague pour le Prince et l’ai portée chez lui avec un bouquet.

Baden, lundi 29 août.

… J’ai reçu une aimable lettre de la Reine et une d’Elisa, qui me dit que le prince de Montfort arrive avec sa fille, ce qui me fait un grand plaisir de n’y pas être, ils doivent aussi passer par Thun pour voir le Prince. La Reine m’écrit :

« J’espère que vous nous reviendrez des eaux de Baden en bonne santé… Mon fils s’annonce pour aujourd’hui… Soignez-vous bien, revenez-nous vite, et comptez toujours sur mon plaisir à vous revoir et sur mes sentimens pour vous, je serais bien aise de remplacer la tendre mère que vous avez perdue, autant qu’une si douce chose peut être remplacée.

« Hortense.
« Arenenberg, 29 août.

« Louis vient d’arriver, très content de son voyage. »

Baden en Suisse, 5 septembre.
Valérie à sa sœur.

J’ai reçu hier soir dimanche, ta lettre, ma bonne Fanny. Laure s’ennuie fort ici et je voudrais lui donner un peu de distraction. Nous avons déjà été faire une course à Schinznach pour voir Habsbourg et la jonction des trois rivières. Je veux aussi d’ici la mener à Zurich… Nos intimes sont un brave couple de Turin dont le secours nous a été agréable plusieurs fois, surtout avant-hier pour aller attendre sur la route de Zurich la diligence dans laquelle M. Conneau se rendait à Herne, partant pour l’Italie. Je n’ai su son départ que le jour même, par un mot qu’il m’écrivait pour me prévenir de son passage. C’est avec un gros crève-cœur que je me suis séparée pour toujours de cet excellent ami ! La Reine a reconduit son fils jusqu’à Zurich. Nous comptons, nous, quitter Baden le 16 ou le 17 septembre. Tâche que la Princesse n’aille pas avant. Ce serait bien gentil