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Vendredi 15 avril.

En revenant d’Ermetingen, la Princesse m’a fait appeler par Ernest pour faire de la musique ; puis le père est arrivé nous interrompre pour me faire écrire un billet à Mme  Benezel, pour refuser la proposition qu’elle lui fait pour le Wolfsberg : il préfère Eugensberg. À cinq heures, j’ai été avec lui et sa fille dans une boutique à Gottlieb acheter des ganses pour une bourse qu’elle veut faire à son cousin et que j’ai commencée le soir. Son cousin s’est gentiment occupé d’elle toute la soirée.

Samedi 16 avril.

Mon cher Prince est très enrhumé ; il n’a pas été d’une promenade que j’ai faite, après déjeuner, avec son oncle et sa cousine à Maunbach. S’ils passent l’été ici, ils feront venir la marquise Azolini. Le prince Jérôme a été à Constance faire une commission que j’avais pour Henriette Macaire. La Reine hésitait à publier 1815.

Pourtant, je crois qu’elle va s’y mettre. Je descendais pour faire de la musique avec la Princesse, mais, comme j’ai vu le Prince aller la rejoindre au salon, j’ai pensé que c’était inutile. Le soir, à dîner, le Prince avait reçu une lettre de M. Visconti. Il lui raconte qu’ils sont menacés d’une amnistie, et que pour achever de se mettre en liberté, il va se marier. M. Visconti a des nouvelles de M. Arese, il va à Tunis. Le Prince a passé sa soirée dans le billard avec sa cousine, elle a l’air fort empressée de lui, elle le suit comme son ombre, redouble de gentillesse quand il est là. Il finira, j’espère, par s’échauffer un peu, car enfin il faut bien cela pour qu’il consente à l’épouser.

Dimanche 17.

Le Prince est souffrant de son rhume. Je ne sais si c’est cela qui lui donne l’air triste et froid avec sa cousine. Elisa prétend que c’est la peur que M. Visconti n’épouse Mlle  de Crenay. Hier, après déjeuner, ils se sont promenés tous ensemble. En rentrant, la Princesse m’a retenue au salon jusqu’au dîner. Le soir, les deux petits princes nous ont entraînées à faire avec eux des charades les plus bêtes du monde. Le prince Louis n’a pas voulu en être, et la pauvre petite princesse avait sa jolie figure bouleversée de le voir si froid et si peu occupé d’elle. Le papa et le