Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 30.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les deux positions du bâtiment ; mais la préoccupation d’assurer au sous-marin la faculté d’agir et de vivre longtemps sous l’eau gardera d’autant mieux son importance que les progrès deviendront plus rapides de le découvrir et de l’atteindre au moment où il perd son plus essentiel avantage, celui de l’invisibilité.

Reste enfin la question du choix des armes, pour les deux types que nous examinons. A la rigueur, le submersible d’escadre peut se contenter de la torpille automobile, pourvu qu’elle soit la plus puissante, la plus rapide, la plus sûre possible. Le canon ne lui serait d’aucune utilité contre les grands bâtimens, et il resterait, à cet égard, toujours en état d’infériorité vis-à-vis des « destroyers » et croiseurs légers qui sont ses acharnés adversaires. Quant à la mine automatique, il aura quelquefois peut-être l’occasion de s’en servir, mais je rappelle qu’une force navale de quelque importance, destinée à la guerre d’escadre, n’appareillera plus maintenant sans un ou plusieurs mouilleurs de mines.

L’arsenal du submersible de croisière doit, au contraire, être absolument complet. Tout lui servira. Réservant ses torpilles automobiles pour les bâtimens de combat qu’il rencontrerait ou pour les grands paquebots bien cloisonnés, il se servira surtout de l’artillerie, — c’est ce que font les Allemands, — contre les paquebots ordinaires et contre le troupeau des « cargo-boats, » simples caisses de tôle qu’un seul obus suffit à mettre à mal. Il peut même faire l’économie des projectiles et, arrêtant sa victime par un coup de semonce tiré à blanc, envoyer à bord une équipe armée qui appliquera sur le bordé, au-dessous de la flottaison, un simple pétard. Une provision d’explosifs libres lui sera donc utile. On lui donnera aussi des mines automatiques, maintes occasions pouvant se présenter de les semer en quelques points bien choisis de la côte ennemie, et surtout au débouché des ports. Ce fut encore un des moyens d’action, — assez peu connu, celui-là, — des sous-marins allemands qui opéraient il y a quelques mois dans la Manche ; et il ne fallut pas moins que la vigilance toujours en éveil des marines alliées pour éviter de graves accidens aux abords immédiats de Douvres, de Calais, de Boulogne.

Enfin, l’un des canons, — il y en aura deux, le plus souvent, et davantage, peut-être, — devra être disposé pour le tir contre les appareils aériens, puisque, nous l’avons vu, il faut prévoir