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quelle est la nécessité d’une distinction bien nette entre le type de sous-marin de la guerre de côtes et ceux des sous-marins de la guerre du large et de la guerre d’escadres dont je vais dire quelques mots.


C’est ici, évidemment, que le submersible, celui à1 qui, tout à l’heure, on reprochait d’être plus torpilleur que sous-marin, reprend tous ses avantages. Il est navire de mer et navire où l’existence, — au point de vue hygiénique, — est relativement aisée ; il a du rayon d’action en surface et quelque vitesse : ces deux facultés essentielles tendent d’ailleurs tous les jours à augmenter, en même temps que le déplacement. Le voilà donc, d’une part, capable de croiser à bonne distance de la côte et surtout à grande distance de sa base d’opérations, de l’autre, en état de suivre, sans l’embarrasser, l’armée navale à laquelle, le jour du combat, il rendra peut-être des services décisifs.

Gardons-nous cependant de confondre les deux types. Là encore, l’examen un peu serré des conditions à remplir va nous révéler d’assez profondes différences pour qu’une nouvelle distinction s’impose.

Tout d’abord, et s’il s’agit des facultés vitesse et rayon d’action, toujours intimement liées, il est clair que c’est la première qui doit l’emporter dans le sous-marin ou submersible d’escadre, tandis que la seconde apparaît plus essentielle pour le sous-marin de croisière. Ce dernier peut encore se contenter d’une vitesse en surface de 16 nœuds, au maximum, que n’atteignait certainement par l’Unterseeboot qui a coulé la Lusitania. Il n’est point question pour lui, en effet, de poursuivre un paquebot. Il suffit qu’il puisse, en temps utile, se placer sur son passage. Notons, au demeurant, que les paquebots, qui filent 16 nœuds, sont plus rares qu’on ne le pense.

Au contraire, une vitesse de 16 nœuds serait d’ores et déjà tout à fait insuffisante pour le submersible d’escadre, tout le monde est d’accord là-dessus : il lui faut 20 nœuds au moins. Encore resterait-il « à la traîne, » si les grandes unités, dans un cas pressant, réglaient leur allure à cette vitesse[1]. Quant

  1. On pourrait compter à la vérité sur le remorquage des petites unités par les grandes pour égaliser les vitesses. Mais ce procédé, — qui n’est d’ailleurs admissible que par beau temps, — ne laisse pas de présenter des difficultés pratiques qu’il est inutile d’énumérer ici.