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plus assuré de mouiller ses engins aux bons endroits et de constituer ainsi un barrage efficace[1].

Mais ce n’est pas tout : à côté de la question des dispositions extérieures et de l’armement particulier du sous-marin destiné à la guerre de côtes, il y a celle de son rayon d’action et de son endurance générale en plongée. Que l’on veuille bien se rappeler ce que je disais, au début de cette étude, du forcement des Dardanelles. Pour passer sans encombre de la mer Egée à la mer de Marmara, c’est-à-dire sans être obligé de revenir en surface en vue des canons de la côte (ou des navires de surveillance) pour recharger les accumulateurs, — moteur de plongée, — en faisant agir sur la dynamo le moteur de surface, il faut que ces accumulateurs puissent fournir sûrement, en service courant, quinze ou dix-huit heures de marche à 6 nœuds, au moins, puisqu’il faut compter avec 2n,5 ou 3 nœuds de courant contraire et que l’on doit garder une vitesse suffisante pour manœuvrer. Ces conditions ne paraissent peut-être pas très dures. Elles le sont cependant pour beaucoup de submersibles chez lesquels l’intérêt d’obtenir de la vitesse et du rayon d’action en surface a fait sacrifier ces facultés pour la marche en plongée, car tout se traduit en définitive par une question de poids, et nous savons que les accumulateurs sont fort lourds.

« Ils sont trop torpilleurs et pas assez sous-marins, » écrivait à ce sujet, au cours de ces derniers mois, un officier particulièrement compétent qui parlait de quelques submersibles connus, d’ailleurs excellens navires de mer. « On s’aperçoit que, pour le genre d’opération dont il s’agit, les meilleurs bâtimens seraient les six sous-marins du type E***, qui ont 90 tonnes d’accumulateurs pour430 tonneaux en plongée, tandis que mon submersible et ses frères n’en ont que 70 tonnes pour 550 tonneaux en plongée. De plus, leurs moteurs sont « au point ; » leurs tubes lance-torpilles sont tous à l’intérieur, à l’abri, eux et leurs torpilles, des fortes pressions d’eau ; et ils ont des torpilles de réserve. Malheureusement, déclarés « défensifs, » ils ont été affectés à M*** et a N***. »

On voit, on sent plutôt, car combien d’autres choses j’aurais à dire pour être pleinement entendu, quelle est la complexité de la question des opérations côtières et, par-là même, d’avance,

  1. En fait, les derniers sous-marins allemands portent des mines automatiques. On en a la parfaite certitude.