aux pays neutres, quoique sans doute insuffisamment pour leurs besoins de guerre.
Certains chiffres sont, à cet égard, particulièrement édifians. Tandis que, de janvier à mars 1914, l’Italie a importé environ 5 000 tonnes de cuivre américain, et que les États Scandinaves n’en ont pratiquement pas importé, dans la période correspondance de 1915, l’Italie a presque triplé son importation qui est passée à plus de 14 000 tonnes, et celle des États Scandinaves s’est élevée comme par enchantement à 6 000 tonnes. On devine le pot aux roses. Heureusement, tout cela a changé depuis que notre sœur italienne s’est jointe à nous.
Comme, en 1913, la consommation en cuivre de l’Austro-Allemagne était décuple de sa production et qu’elle n’a pu que s’accroître du fait de l’effroyable consommation de munitions de nos ennemis, toutes les mesures prises récemment par eux, fonte des cloches, réquisition des brillantes casseroles où Gretchen faisait naguère cuire les confitures destinées à servir de garniture au rôti quotidien, enlèvement des toitures d’église et des tuyauteries de cuivre, tous ces expédions prouvent, à n’en pas douter, que le bât blesse fortement les séides de la Kultur à cet endroit.
Sur le plomb, nous n’avons rien de particulier à dire. L’Allemagne en produit une grande quantité, et, avec ce que l’Autriche en extrait elle-même, nos ennemis doivent être abondamment pourvus de ce métal. D’autre part, l’Australie est le principal producteur de ceux qui n’ont pas une extraction suffisante pour leur besoin ; ils s’adressent pour le surplus aux États-Unis, à l’Espagne et au Mexique. Les balles de shrapnells sont formées d’un alliage de plomb et d’antimoine dans lequel l’antimoine entre pour rendre le plomb plus dur et plus cassant. L’emploi des shrapnells est d’ailleurs, dans cette guerre, très inférieur à celui des obus explosifs, surtout lorsqu’on se rapporte aux prévisions faites avant qu’elle éclatât. Il a été reconnu en effet, contrairement aux théories classiques de l’artillerie, que l’obus explosif qui, d’après elles, ne devait être employé que contre les obstacles matériels et non contre les troupes, est contre ces dernières beaucoup plus efficace que le shrapnell. Celui-ci est d’ailleurs encore utilisé pour les réglages du tir, où il convient, pour bien juger des coups, de les voir éclater à une certaine distance au-dessus du sol, et enfin dans le tir contre avions. Les jolis petits nuages blancs dont les batteries anti-aériennes entourent, comme d’une jonchée de roses blanches, les avions bombardés par elles, sont dus à des éclatemens de