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La destination de ces hommes ne semblait avoir jamais été qu’une action de police régionale dans les différens postes de la colonie.

Cependant, non loin de la Côte d’Or, à Lomé, on signalait un groupement important. Il ne comptait pas moins de 144 fusils.

Tels étaient les élémens militaires allemands au Togo, — du moins le pensait-on ; mais, en réalité, ces effectifs étaient supérieurs. Ils se composaient de plus de 1 000 hommes disposant de trois mitrailleuses Maxim. Malgré cette supériorité numérique, le gouverneur von Doering eût préféré garder une neutralité qu’il avait négociée sans succès, au dernier moment. Il avait, en effet, à Kamina, la meilleure des raisons pour lui faire éviter les risques d’un échec : les crépitemens de la mousqueterie devaient troubler d’autres crépitemens dont ne cessaient d’être entourées les antennes du grand poste de télégraphie sans fil.

D’autre part, quels étaient les moyens militaires des Anglais ?

Ils amenèrent du Gold Coast 2 compagnies, qui furent ensuite renforcées par deux autres, armées de trois canons.

Le lieutenant-colonel britannique Bryant prit le commandement de ces unités, qui ne dépassaient pas 120 hommes par compagnie. À cette colonne principale s’ajoutèrent des équipes de service et 800 porteurs. Ultérieurement, après l’affaire de Chra, 3 compagnies, qui étaient concentrées sur le Volta, à la frontière anglaise près de Kete-Kratschi, reçurent l’ordre de rallier le gros des troupes à Lomé, où elles arrivèrent en partie à pied, puis par voie ferrée. De Lomé, ces renforts eurent comme objectif de gagner Atakpame, où les conduisait le chemin de fer. Enfin, deux autres compagnies anglaises arriveront de la Nigeria. Notons, afin d’apprécier exactement les faits, que ces 5 dernières compagnies, à cause des circonstances, ne prirent part à aucune action. Quant aux Français, sous la direction du commandant Maroix, ils disposaient, dès le 7 août, c’est-à-dire au moment de l’ouverture des hostilités, des forces suivantes. D’abord, la brigade[1] indigène du Dahomey. Secondement, la brigade de marche, venant de la Côte d’Ivoire pour réprimer l’insurrection Holli. Troisièmement, une brigade de

  1. Brigade, dans le sens qui lui est donné aux colonies, est l’équivalent du terme compagnie, employé dans les armées métropolitaines.