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enfermé dans une caisse de bois est énorme et cause, beaucoup d’embarras dans les enterremens des Princes, j’ordonne qu’au lieu de ces deux machines, il sera fait pour moy une seule caisse de bois doublé par dedans de fer blanc ou d’une lame de plomb, la plus mince qui se pourra. Cette machine ainsi construite durera plus de tems qu’il n’en faudra pour réduire mes chairs en cendre. C’est l’objet qu’on s’est proposé en renfermant les corps des grands dans les cercueils de plomb.


Je donne et lègue aux Pères de Sainte-Geneviève, chés qui je demeure, tous les meubles qui se trouveront au jour de mon décès dans les deux maisons que j’occupe sur leur terrain. Dans ces meubles je comprends spécialement le médaillier qui est placé entre les deux fenêtres de la bibliothèque avec toutes les médailles et pierres gravées qui y sont contenues, et dont les catalogues manuscripts sont dans ma bibliothèque.

Je leur laisse pareillement lesdits catalogues. Je comprends encore dans ce legs des meubles tous les ustenciles du laboratoire, spécialement la machine pour faire les sels du comte de La Garaye, qu’on pourroit croire appartenir à la Phisique, parce qu’elle sert à l’électricité, mais elle est nécessaire pour tirer les sels des minéraux dans lesquels il y a des médicamens tels que le sel de soufre. J’y comprends aussi les médicamens qui pourroient y avoir été composés ou qui pourroient avoir été achetés pour servir aux opérations. J’en excepte les tableaux que j’aurois pu faire venir du Palais Royal pour les copier, et qui ne seroient pas mis en place pour servir à l’ornement de la maison, et les choses appartenantes à l’Histoire Naturelle et à la Phisique qui pourroient se trouver dans le laboratoire ou ailleurs…

Je donne et lègue le cabinet d’Histoire Naturelle… à M. Guettard[1], mon médecin botaniste qui en a soin et à qui appartiennent les fossiles qui l’ont commencé.

Je donne et lègue tous mes livres, à la réserve des catalogues manuscripts dont j’ay disposé ci-dessus, à l’ordre de Saint-Dominique. Je luy laisse pareillement tous les manuscripts des ouvrages que j’ay composés… je leur laisse aussy la liberté de faire imprimer les ouvrages que j’ay composés, en y faisait

  1. Célèbre naturaliste (1715-1786), membre de, l’Académie des Sciences. Il renonça au legs en faveur du fils du Duc d’Orléans qui le nomma garde de son cabinet d’Histoire Naturelle, le pensionna et le logea au Palais Royal.