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devant la Chambre des Communes, un discours qui semblait appeler tendrement le gouvernement de Sofia à la résipiscence et lui laisser la porte ouverte à la réconciliation. « Non seulement, disait-il, il n’y a en Angleterre aucune hostilité contre la Bulgarie, mais il existe au contraire parmi nous un sentiment traditionnel de sympathie pour le peuple bulgare. Aussi bien, tant que la Bulgarie ne fera pas cause commune avec les ennemis de la Grande-Bretagne et de ses alliés, il ne saurait être question d’employer l’influence ou les forces britanniques dans un sens préjudiciable aux intérêts bulgares. Tant que la Bulgarie n’adoptera pas une attitude agressive, nos relations amicales avec elle ne seront pas troublées. » Ce discours, qui retardait sur les événemens, a jeté partout, mais particulièrement à Athènes, quelque incertitude, quelque inquiétude même dans les esprits. On n’y a pas, au premier moment, assez remarqué la phrase principale, qui est celle-ci : « Mais si la mobilisation bulgare devenait l’occasion pour la Bulgarie d’assumer une attitude agressive aux côtés de nos ennemis, nous sommes préparés pour accorder à nos amis des Balkans l’entier appui dont nous disposons, de la manière qui leur conviendra le mieux, de concert avec les Alliés, et cela sans restriction ni spécification. » Quoi de plus explicite, de plus net, de plus ferme ? Il n’y avait aucune équivoque dans la pensée de sir Edward Grey et celle qui avait pu se produire ailleurs devait être bientôt dissipée. Les propositions, les offres que les Alliés avaient faites à la Bulgarie ont été formellement retirées. Au surplus, les ultimatums adressés au gouvernement bulgare par la Russie et par la France étaient fort clairs. Un peu différens dans la forme, mais identiques dans le fond, ils signalaient la présence d’officiers allemands dans l’armée bulgare, donnaient à la mobilisation son vrai caractère, sommaient le gouvernement de Sofia de revenir sur ces deux mesures et déclaraient que, si satisfaction immédiate ne leur était pas donnée, les ministres russe et français quitteraient la Bulgarie avec tout le personnel de leurs légations. Les ministres anglais et italien n’ont pas remis d’ultimatum au gouvernement bulgare ; mais, ce qui est tout comme, ils ont adhéré à ceux de leurs collègues. Ni les uns, ni les autres ne s’attendaient à ce que le gouvernement bulgare répondît d’une manière satisfaisante et, en effet, il s’est contenté d’émettre un nouveau mensonge, à savoir qu’il n’y avait pas d’officiers allemands ou autrichiens en Bulgarie. Les ministres de la Quadruple-Alliance ont aussitôt quitté Sofia et le ministre de Serbie en est parti avec eux.

A Athènes, l’impression a été vive. Les Grecs ont l’esprit trop