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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.





Il y a quinze jours, après avoir parlé de la situation des Balkans, nous disions que le canon tonnait en Champagne : notre armée en effet venait d’y reprendre l’offensive. La gravité des événemens d’Orient est sans doute très grande, si grande même qu’on ne saurait l’exagérer, mais personne ne doute que la décision de la guerre se produira sur le front occidental, et c’est pourquoi tous les regards s’y portent. Le spectacle est réconfortant. Nous avons brillamment enlevé en Champagne la première ligne de défense de l’ennemi et nous l’avons rejeté sur la seconde, où on se bat encore aujourd’hui. La muraille allemande a été renversée sur une longueur de vingt-cinq kilomètres et nos soldats se sont aussitôt emparés du terrain perdu par l’ennemi. Ils s’y sont fortifiés depuis et ont repoussé toutes les contre-attaques. Enfin, ils ont sérieusement entamé la seconde ligne allemande. Que la victoire ne soit pas encore complète, nous le voulons bien, mais elle n’en est pas moins très importante. Ce premier avantage est pour nous un gage d’avenir. La bataille de Champagne a ouvert une nouvelle phase de la guerre : on y a vu que, si la ligne de défense allemande était difficile, elle n’était cependant pas impossible à percer, en dépit des assurances et des prédictions contraires de l’état-major ennemi.

La bravoure de nos soldats a été admirable et nous en dirons autant de celle des soldats anglais. L’armée anglaise s’est couverte de gloire. Elle a manœuvré avec autant de sûreté qu’elle a combattu avec entrain et a montré à nouveau les hautes qualités militaires qui, dans l’histoire, ont illustré ses devancières. Les armées anglaise et française se sont vraiment appuyées l’une sur l’autre, ont collaboré intimement, ont poursuivi le même but et l’ont à peu près atteint. Il ne reste plus qu’à continuer un travail bien commencé. Les Allemands défendront