Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 29.djvu/856

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de leurs dépôts à vue, 5 pour 100 de leurs dépôts à terme. De ce total, 4 douzièmes resteront dans leurs propres caisses, 5 douzièmes dans celles de la Banque fédérale du district ; 3 douzièmes seront, à leur choix, dans l’un ou l’autre endroit.

Le Conseil fédéral de réserve insista auprès des banques pour qu’elles payassent en or la partie des réserves qu’elles avaient à remettre entre les mains des banques fédérales et pour qu’elles adoptassent une politique d’escompte de nature à venir en aide aux intérêts généraux du pays. Avant le 15 novembre, les douze établissemens reçurent 227 millions de dollars : ils se trouvèrent ainsi en possession de leur premier moyen d’action, à l’époque où les exportations américaines redevenaient actives. Les taux d’escompte, fixés d’abord par le Conseil entre 5 et demi et 6 et demi pour 100, furent abaissés vers la fin du premier semestre de 1915.

Le rôle que les nouvelles banques auront à jouer est l’objet des préoccupations de leurs administrateurs et du Conseil de réserve. Celui-ci considère qu’elles ont deux écueils à éviter : elles ne doivent pas borner leur intervention aux époques de crise, bien que l’un de leurs devoirs essentiels soit de venir en aide à la communauté financière lorsque les temps sont difficiles ; d’autre part, il ne convient pas qu’elles agissent comme les banques ordinaires et cherchent simplement à réaliser des bénéfices. Elles ont une mission d’ordre public à remplir. Pour y réussir, elles devront ne jamais se désintéresser du marché monétaire, y pratiquer des opérations même en temps ordinaire, s’efforcer, par une politique judicieuse, de prévenir les crises ; lorsque celles-ci éclatent, les banques fédérales auront à employer toutes leurs forces pour les abréger et les atténuer : elles sont les dépositaires d’une partie des réserves bancaires du pays ; elles doivent en faire le meilleur usage possible. A de certains momens, il conviendra qu’elles escomptent largement ; à d’autres époques, une restriction du crédit s’imposera. Elles auront à régulariser le marché en temps ordinaire, à lui venir en aide aux heures critiques : pour le faire avec succès, elles seront constamment en contact avec lui.

Le système fiduciaire américain avait été jusqu’ici incohérent ; il était né des circonstances politiques, et non pas d’un plan économique mûrement étudié. Les premiers billets d’Etat eurent pour origine les besoins au gouvernement lors de la