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été, il faut bien le dire, réduit à néant pour longtemps par l’inertie et le mauvais vouloir de ministères successifs incapables d’oser donner les concessions à leurs inventeurs. Peut-être y aurait-il encore quelques recherches à entreprendre : beaucoup plus, disons-le, dans un intérêt général que dans un intérêt particulier. Il n’est aucunement impossible, par exemple, que la houille existe en profondeur sous le Bassin de Paris. Qui voudrait se lancer dans une telle exploration après de semblables précédens ?

Ainsi donc, loin que la situation soit destinée à s’améliorer pour nous, elle doit fatalement empirer d’année en année : parce que notre consommation va croître et parce que notre production restera stationnaire ou décroîtra. Nos bassins de Saint-Etienne et du Centre se meurent tout doucement. Dans un temps qui peut être considéré comme bien court pour la vie d’un peuple, nous serons réduits à notre bassin de Valenciennes, où l’effet des dernières lois ouvrières tend à réduire la productivité.

Alors, que peut faire la France sans houille ? Il est inutile de rappeler que le pétrole nous fait totalement défaut. Recourir davantage à la houille blanche : remède indiqué et nécessaire, mais très insuffisant ; car l’expérience montre bientôt que la houille blanche est incapable de se suffire et que, là où son emploi développe une industrie, les besoins de houille noire connexe augmentent au lieu de diminuer. D’ailleurs, la métallurgie électrique du fer n’est pas mûre en dehors de quelques emplois spéciaux ; et l’on n’actionne pas un navire avec des accumulateurs ou des piles. Acheter du charbon ? Il faudrait au moins que les traités, — et c’est sur quoi je vais revenir, — nous permissent de le faire avantageusement… Sinon, il reste seulement la voie où l’on s’est engagé de plus en plus depuis quelques années ; il faut prendre le parti auquel se résignent toutes les vieilles usines ou les vieilles villes et qui convient aussi aux vieux pays : concentrer de plus en plus ses efforts sur les produits de luxe, les produits très finis, où la matière première joue un rôle insignifiant par rapport à l’invention du fabricant et à l’adresse de l’ouvrier.

De telles résolutions, l’emploi de tels remèdes ne font-ils pas songer à ces injections de sérum ou de caféine, à ces inhalations d’oxygène, au moyen desquelles on s’efforce de prolonger