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REVUE SCIENTIFIQUE

LES EXPLOSIFS BRISANS

Après avoir examiné celles des substances explosives qui servent à la propulsion des projectiles, autrement dit les poudres, il nous reste, pour achever cette brève incursion dans la chimie guerrière, à étudier l’autre grande catégorie d’explosifs : les explosifs brisans.

Lorsque le chimiste anglais Reid prétendait naguère que le coton n’entre pas dans la fabrication des obus explosifs, il n’avait en vue que la charge d’explosif que le projectile emporte avec lui ; il oubliait en revanche, — singulière distraction chez un technicien aussi averti, — que l’obus est attaché à une cartouche contenant la poudre qui le propulsera et qui, elle, nous l’avons vu, a comme constituant essentiel le coton. Aujourd’hui, il n’y a plus lieu de signaler que pour mémoire cet oubli étrange, puisque la campagne de lord Ramsay a porté ses fruits, et que le coton est maintenant contrebande de guerre.

Les explosifs brisans ne servent pas seulement au chargement des obus percutans lancés par les canons. Dans la guerre navale, ils gonflent les flancs des sournoises torpilles. En outre ce sont eux qui donnent tant d’efficacité à tous les projectiles étranges lancés à la main ou par de bizarres engins renouvelés de l’antique : bombes, grenades, pétards, torpilles aériennes, que la présente guerre a multipliés et dont le rôle actuel n’est guère moins important que celui des balles et des obus. Ce sont les explosifs brisans, enfin, qui jouent le rôle essentiel dans la destruction des travaux d’art, — ponts, chemins de fer, etc., — et dans la fantastique lutte de sape et de mine qu’on se livre sous terre de tranchée à tranchée, et où quelques secondes