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Allemands qui s’y trouvent : en tout une centaine d’hommes dont les cadavres restent dans la tranchée. On fait quatre prisonniers et on s’empare d’une mitrailleuse qui est ramenée et conservée.

A huit heures trente, la tranchée ennemie est occupée sur une longueur de 350 mètres au moins.

Les quatre chefs de section sont hors de combat, mais l’élan est donné et une partie des troupes dépasse la tranchée de première ligne, se jette dans les boyaux et arrive jusqu’aux tranchées de deuxième ligne.

Elles sont remplies d’Allemands et elles contiennent en abondance des dépôts de bombes et de munitions.

Nous y pénétrons un instant, mais, violemment contre-attaques par plusieurs colonnes débouchant des boyaux en arrière, nous ne pouvons nous y maintenir ; nous rentrons dans la tranchée de première ligne allemande que nous venons d’enlever.

Cette tranchée est profonde, étroite au sommet, évasée au fond, précédée d’un parapet très bas face à nos lignes, mais surélevé d’autre part vers l’arrière, ce qui empêche les nôtres de tirer sur les lignes allemandes, et qui permet à l’ennemi de s’abriter sur le bord même de la tranchée, au cours des contre-attaques.

Cependant, les détachemens du génie commencent à mettre en défense les entonnoirs ; ils constituent avec des sacs à terre des barrages aux extrémités de la tranchée occupée, aux débouchés de boyaux.

Le deuxième échelon est venu renforcer la première compagnie dans l’ouvrage conquis. Deux de nos mitrailleuses sont déjà en position ; l’une d’elles prend sous son feu une troupe d’Allemands qui s’avancent à découvert et la fauche en un instant. L’ennemi les contrebat avec violence ; une partie des servans sont tués ou blessés sur leurs pièces.

Les Allemands reprennent leurs contre-attaques en accentuant les efforts sur notre droite ; leurs jets de bombes incessans rendent notre position intenable.

Le commandant de l’attaque a déjà fait renforcer le front par deux compagnies du troisième échelon ; une troisième compagnie est rapprochée immédiatement en réserve. Les tranchées et boyaux sont occupés autant qu’ils peuvent l’être.