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les marchés nouveaux, cette situation empêche les relations de naître, et tout est dit.

Il n’y a qu’un moyen de prendre ou plutôt de reprendre notre part de l’exportation sans toucher à notre régime économique ; il n’y a qu’une façon pour nous de joindre, en matière d’exportation, l’offensive à la défensive : c’est de nous mettre en mesure d’exporter les produits étrangers, en y incorporant peu à peu la quantité de nos produits que les circonstances, les cours et les goûts de la clientèle permettent d’y ajouter.

Les articles à l’aide desquels nous alimentons actuellement notre exportation (mais qui ne l’arrêtent pas sur la pente menant à la dénationalisation, puis à la paralysie, parce qu’ils ne conviennent à nos débouchés que pendant leur période de prospérité) : la soierie, les modes, les articles de Paris, la librairie, reprendront leur place dans notre exportation, dès que nous aurons pu rétablir cette exportation en la faisant porter sur un article véhicule des autres, sur un article de trouée, de pénétration, susceptible de réserver du fret à nos armateurs et pour lequel nous ayons une réputation universelle. une renommée séculaire, fortement appuyée sur une production nationale considérable, et dès lors à l’abri des imitations et des concurrences déloyales.

Le vin est ce produit. On veut bien reconnaître au dehors que le vin est le produit français par excellence, et cependant aucune exportation n’a plus souffert de notre régime économique que l’exportation des vins. Nous exportions 3 981 000 hectolitres de vin en 1873, époque à laquelle nous faisions les vins français avec tous les vins du monde, et nous avons exporté en 1913, dernière année normale, 1 316 671 hectolitres au commerce spécial.

En plein phylloxéra, de 1881 à 1890, nous exportions une moyenne de 2 488 500 hectolitres par an, et, depuis 1894, malgré des prix extrêmement réduits qu’aucun pays producteur n’a connus, nous n’avons pas pu reprendre notre ancien rang. Les entrepôts spéciaux où se faisaient les coupages de vin dans certains ports ont été supprimés en 1899 et la moyenne annuelle, de 1900 à 1914 toujours décroissante, n’a été que de 1 727 595 hectolitres.

Et pendant ce temps-là, Hambourg, qui appliquait résolument notre ancienne pratique du coupage, devenait une