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protection contre des concurrens pourvus de zones franches, les vendeurs de ces articles ont droit à la simple égalité que leur conférerait l’établissement en France de cette institution.

On se demande comment un système qui tient a. réserver aux produits nationaux le marché national et qui le fait à l’aide de droits élevant le coût de toutes choses, ne comprend pas qu’il doit vivifier le commerce national par les bénéfices recueillis dans le commerce international.

Le commerce national n’est que la répartition en un nombre de parts indéfiniment variables comme grosseur proportionnelle, d’un gâteau dont le volume total et la valeur globale ne sont pas modifiés par la répartition ; tandis qu’en prenant part au commerce international, nous pouvons augmenter notre patrimoine et, en subissant, comme nous l’avons fait, l’emprise allemande, nous pouvons le diminuer.

On ne comprend pas comment des hommes d’Etat peuvent être indifférens aux progrès ou à la décadence de notre marine marchande et comment ils peuvent désirer la maintenir ou la faire progresser, sans lui assurer du fret par l’activité des échanges avec le dehors.

Il s’ensuit que si les zones franches n’étaient pas demandées par les intéressés, elles devraient, comme à l’origine, être suggérées par les protectionnistes, dont l’œuvre ne peut être viable que si le commerce extérieur français est sauvegardé, et elles ne devraient pas avoir de plus fermes et plus actifs défenseurs. Or, c’est le contraire qui se produit et, après avoir fait une opposition de principe irréductible, tout à fait injustifiée » aux zones franches, les protectionnistes se rabattent sur des questions de détail.

La zone franche, disent-ils, n’est pas une panacée, elle n’a eu qu’une influence très secondaire sur le développement du port de Hambourg, et l’Angleterre, la Belgique, la Hollande, n’ont pas de zones franches…

Il est évident que les pays, à régime libéral, qui sont tout entiers des zones franches, n’ont pas besoin de ces institutions ; et nous verrons plus loin que toutes les forces allemandes étant orientées vers l’expansion économique, la suppression des formalités dans quelques espaces restreints allemands ne donnait qu’un bien petit appoint à la force de propulsion germanique. Toute l’administration de ce pays tendant à faciliter le