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incorporer, à leur avantage et au nôtre, le plus possible de ce que nous produisons nous-mêmes ; et si, travaillant à développer ce mouvement au lieu de nous efforcer de le restreindre, nous nous appliquions à transporter nous-mêmes le plus possible de ces matières premières, à l’importation ; et le plus possible, à l’exportation, des produits transformés et manipulés. Cela ne peut se faire largement qu’en entrepôt de douane ou en zone franche, et voici la question des zones franches posée.


II

Les marchandises étrangères, appelées à être en définitive consommées par l’étranger, ne peuvent séjourner en France qu’à l’entrepôt de douane, c’est-à-dire sous la surveillance de la douane, dans les locaux dont cette administration a une des clefs, si l’entrepôt est réel, ou chez l’entrepositaire assujetti à divers contrôles, si l’entrepôt est fictif. La caractéristique du régime des entrepôts, aussi bien réel que fictif, est le crédit- des droits fait par l’Etat, crédit dont la marchandise reste le gagé, ce qui exige une surveillance constante, des formalités continues et compliquées, le respect du conditionnement de la marchandise et, en définitive, la réexportation de cette marchandise sans qu’on ait pu la toucher, la manipuler, l’améliorer ; c’est-à-dire sans qu’on ait pu profiter des occasions de bénéfices signalées plus haut.

Il y a bien une autre combinaison qui s’appelle l’admission temporaire. L’admission temporaire[1] permet à l’industriel français de prendre chez lui la marchandise étrangère sans en payer les droits, de la manipuler et de la réexporter après qu’elle a subi une certaine mise en œuvre, de sorte qu’il est autorisé à réexpédier non pas la marchandise qu’il a reçue mais ce qu’il a produit avec cette marchandise ; de la farine par exemple avec du blé admis temporairement, ou du sucre raffiné pour du sucre brut ; mais cette combinaison, qui atteint exactement le but proposé plus haut à notre activité pour la marchandise étrangère traversant la France avant d’être consommée

  1. Le lecteur voudra bien pardonner les détails techniques dans lesquels nous sommes obligés d’entrer et que nous réduisons au strict nécessaire, non sans crainte qu’on ne nous accuse d’être incomplet, parce que nous négligeons de parti pris toutes les particularités trop arides.