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caractère défensif), ainsi que des dépêches d’après lesquelles, à l’Est et à l’Ouest, les soldats ennemis avaient pénétré sur le sol allemand. Or le Vorwaerts du 3 août laissait entendre qu’on savait à quoi s’en tenir sur la prétendue agression du front occidental et sur les bombes lancées au-dessus de Nuremberg par les aviateurs français.

Les députés socialistes finirent par décider que les crédits seraient votés à l’unanimité. Haase offrit sa démission de président, qui ne fut pas acceptée. Il consentit, par discipline, à lire la déclaration du groupe qu’il désapprouvait, à voter contre sa conscience, à se renier lui-même.

Du haut de la tribune du Reichstag, le 4 août, Haase déclarait donc, au nom de son parti, que cette guerre était le résultat de l’universelle politique impérialiste, — universalité fort commode, alors que cet impérialisme était le fait de l’Allemagne. — Les socialistes allemands avaient toujours travaillé avec les frères de France au maintien de la paix. — À cette évocation des socialistes français, les applaudissemens éclataient sur les bancs de la fraction ; les Allemands proclamaient leur accord avec les camarades d’outre-Vosges, juste au moment où ils s’en séparaient, remarque M. La Cheanais. — Sous la menace d’invasion, continuait Haase, les socialistes n’ont pas à se prononcer sur la raison d’être de la guerre. L’existence de l’Allemagne est liée à l’anéantissement du despotisme russe, du tsarisme, qui a les mains rouges du sang de nos meilleurs enfans. — Le 3 août, on lisait pourtant dans le Vorwaerts que la Russie était un foyer non plus de réaction, comme au temps de Karl Marx, mais de révolution, qu’il fallait laisser aux Russes le soin de l’accomplir car rien ne pouvait plus réjouir le Tsar que de voir la socialdémocratie discréditer le socialisme en se faisant complice de l’agression allemande.

Haase terminait en disant qu’une fois la sécurité du pays garantie, les socialistes demanderaient à la première occasion une paix favorable, c’est-à-dire une paix sans annexion, qui rende possible l’amitié entre peuples voisins. Les souffrances de la guerre en éveilleraient l’horreur et gagneraient les peuples à l’idéal de paix du socialisme. Pour ces motifs, les députés socialistes votaient la demande des crédits de guerre.

La violation du territoire belge, avec indemnité, avait été annoncée par M. de Bethmann-Hollweg avant la suspension de