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Allemands l’engagement ferme et précis de tenter une grève insurrectionnelle au moment d’une mobilisation. La discussion, des plus orageuses, dut avoir lieu à huis clos. Appuyés par les guesdistes, les Allemands rallièrent le Congrès à une vague formule, d’après laquelle « les ouvriers des pays concernés et leurs représentans devront faire tous leurs efforts pour empêcher la guerre d’éclater, selon l’acuité du combat de classe et d’après la situation politique générale. »

« Si cependant la guerre était déchaînée, ils devraient tenter d’en hâter la fin et mettre toute leur ardeur à se servir de la crise politique et économique déterminée par la guerre pour se délivrer de la domination capitaliste. »

Le Congrès de Copenhague (1910) précisait la résolution de Stuttgart. Le bureau socialiste international, dont le siège est à Bruxelles, et qui représente, dans l’intervalle des Congrès, le pouvoir exécutif permanent de l’Internationale, était chargé, en cas de menaces de guerre, de convoquer les délégués de ses sections et de concerter une action commune. Le Congrès ajournait en même temps aux calendes grecques une nouvelle proposition de Keir Hardie et de Vaillant qui, au lieu d’une grève généralisée, proposaient l’arrêt de travail dans les arsenaux et les industries indispensables à la guerre.

Les socialistes français saluaient la victoire électorale des socialistes allemands, en 1912, comme le gage d’une paix assurée, cela bien à tort, car les quatre millions de voix qu’ils venaient d’acquérir les obligeraient à tenir de plus en plus compte du sentiment national. Cependant, Scheidemann, vice-président du Reichstag, accourait à Paris célébrer ce triomphe avec les camarades français. Il s’écriait à la salle Wagram : « Il n’est plus possible de tenter une aventure guerrière entre Allemands et Français ; la guerre ne peut plus éclater, " elle n’éclatera jamais ! »

La crise balkanique déterminait les socialistes à se réunir à Bâle, en novembre 1912. L’antagonisme entre l’Allemagne d’un côté, la France et l’Angleterre de l’autre, compromettait au plus haut point la sécurité de l’Europe. Par ses élus dans les parlemens, l’Internationale devait exiger un accord entre la France, l’Allemagne et l’Angleterre qui réduirait les armemens et ébranlerait la puissance du tsarisme : cette alliance rendrait impossible une attaque de l’Autriche-Hongrie contre la Serbie.