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Paris, qui suffirait désormais à lui garantir la maîtrise des mers.

En réalité, toutefois, le « plan allemand » aboutit à un échec complet, dans tout le Pacifique ; et à la fin du roman, M. Pratt nous montre même la destruction de la « base navale » de X-Motu, bombardée par une escadre japonaise qui ne tarde pas à « réduire la fière cité naissante en un monceau de ruines. » Harrington, à ce moment, a retrouvé sa chère Lida, et ses six compagnons de misère lui ont dû d’être remis en liberté. Il y a ainsi, dans tout le livre de M. Ambrose Pratt, un élément romanesque plein de vie et d’action, et j’ai dit déjà le charme inoubliable de la gracieuse figure de femme dont il a plu au romancier anglais de faire l’un des deux personnages dominans de son récit. Mais rien de tout cela n’a de quoi nous attirer aujourd’hui aussi vivement que la précieuse « actualité » politique, — ou plutôt historique, — du livre, la peinture éminemment colorée et mouvante qui nous y est offerte du rapide écroulement des efforts et des rêves « coloniaux » de l’Allemagne dans l’Océan Pacifique. Impossible de souhaiter un témoignage à la fois plus instructif et d’une véracité plus manifeste que celui de ce romancier, probablement Australien d’origine, mais auquel Stevenson lui-même, en tout cas, aurait envié sa connaissance familière du décor et des mœurs, de toute la vie et de toute l’âme indigène de Samoa. Et la conclusion qui ressort le plus nettement de ce témoignage est, en quelque sorte, l’inaptitude foncière de l’Allemagne à se créer jamais un empire colonial solide et durable, malgré son aplomb et sa fourberie, — ou plutôt précisément en raison de cette fourberie et de tout ce qui s’y joint d’irrémédiable sottise, sous la forme d’une incompréhension « congénitale » des hommes et des choses de l’étranger. Par où se découvre à nous, une fois de plus, ce défaut de la pensée allemande dont je parlais ici l’autre jour ; et M. Ambrose Pratt s’est chargé de nous prouver, une fois de plus, qu’une nation qui « expédie » de la façon qu’on a vue d’inoffensifs citoyens américains de l’espèce de Lupeta, une nation qui recrute des travailleurs pour ses « bases navales » par le procédé employé à l’égard des habitans de l’île de Lafaïti, une nation qui semble se complaire à entretenir partout, autour de soi, une terreur fondée sur la haine et toujours accompagnée d’une nuance de mépris, qu’une nation comme celle-là ne saurait mériter d’être tenue pour « l’une des grandes nations intellectuelles du monde. »


L’initiateur et principal collaborateur du livre anglais sur la