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s’arrêtent soudain. Les servans sont épuisés, ils ont tiré déjà depuis huit jours, sans une heure de repos, plus de treize mille obus. Qu’importe ! on les voit, sur un ordre bref, faire face, tirer à bras leurs canons vers Saint-Georges, s’établir à trois cents mètres des dernières maisons, au milieu d’un champ dénudé, et de là mitrailler les issues du village et le pont de l’Union, où les ennemis, qui nous croient définitivement vaincus, passent, passent toujours. Les voici contenus dans les rues, fauchés sur les routes. Ils reculent, ils hésitent, ils reviennent ; finalement ils s’arrêtent. Pendant ce temps, protégés par le colonel Larmoyer et son 5e de ligne, les défenseurs du pont de l’Union ont rejoint les défenseurs de la boucle de Tervaete derrière la ligne toute proche du canal de Beverdyk, qui sinue entre l’Yser et le remblai du chemin de fer fNieuport-Dixmude,


VII

A Dixmude, l’amiral Ronarch, sûr de ses fusiliers, sûr de la brigade Meiser, et au surplus goûtant depuis un jour un repos relatif, n’aurait aucun sujet d’inquiétude, si le fléchissement du centre de la bataille ne le menaçait de flanc et d’arrière. Si la ligne molle du Beverdyk peut tenir, tant mieux, mais on peut en douter. La ligne du chemin de fer, dès longtemps préparée pour un recul prévu, et aménagée comme retranchement définitif, protégera certes puissamment la route de Calais, mais laissera Dixmude singulièrement exposée. Il faut absolument, pour que la péninsule formée par la petite ville dans les vagues adverses ne devienne pas un îlot mal défendable, que les deux rives de l’Yser restent à nous, tout au moins jusqu’au premier coude au Nord de Caeskerke, — celui que jalonnent la borne 16, la ferme Den Toren et deux cylindriques thanks à pétrole, immenses moutardiers de zinc posés drôlement sur la berge à l’Ouest d’Oudstuyvekenskerke. Le 23 au soir déjà, l’amiral a pris ses dispositions avec le colonel Meiser pour la surveillance et la protection des chemins d’accès de Dixmude. Et, dès le matin du 24, nos pelotons spéciaux et nos cyclistes ont quitté la tête de pont pour garder la bifurcation des routes de Stuyvekenskerke et de Pervyse. Les deux chefs ne tardent pas à s’apercevoir que cette protection ne suffira guère. Ils