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tête et qui vient d’aboutir si heureusement, que rien ne peut, pour les Allemands, remplacer le coton brut comme producteur des obus et des balles, car l’utilisation à cet effet de vieux chiffons ou de bois ne pourrait se faire qu’en modifiant tout leur outillage d’usine et leur armement, sous peine des plus terribles… je devrais écrire des plus joyeuses… catastrophes.

Sir William Ramsay, calculant que la consommation quotidienne du coton brut en Allemagne est actuellement de 1 000 tonnes environ par jour, n’a cessé de prétendre que le stock disponible chez nos ennemis ne lui aurait permis de faire la guerre que, jusqu’au mois d’avril dernier seulement, si le coton avait été dès l’abord déclaré contrebande de guerre. Espérons du moins qu’on y tiendra la main et que, malgré les cris intéressés des gens lésés dans leurs gros sous, tant en Angleterre qu’en Amérique… l’heure n’est plus de mettre les gens dans du coton… on saura à bref délai sevrer dame Germania de tout celui dont nous l’avons laissée trop longtemps gonfler son insolent corsage.

L’enfant grec voulait jadis de la poudre et des balles. Aujourd’hui l’enfant grec est un peu changé. Mais nous du moins, qui les voulons à sa place, qui luttons maintenant sur l’âpre route montant vers la liberté, n’ayons point la sottise d’hésiter un instant, puisque nous le pouvons, à arracher des mains brutales de nos ennemis, la poudre, à défaut des balles, qui alors ne leur serviront plus de rien.


CHARLES NORDMANN.