Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 29.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grillage qui produit de l’acide sulfureux, lequel par combinaison avec l’oxygène de l’air et la vapeur d’eau, donne l’acide sulfurique. Dans le temps de paix, l’Allemagne importait des pyrites et des sulfures de zinc, ceux qu’elle possède ne suffisant pas à son énorme consommation de vitriol… c’est l’acide sulfurique que je veux dire. On peut supposer qu’une grande partie de l’acide que ses industries pacifiques consommaient a été dirigée vers ses usines de guerre. D’autre part, rien n’empêche la Suède d’exporter les pyrites de ses gisemens en Allemagne. Il n’en reste pas moins que l’Allemagne a dû être à un moment donné, ou craindre d’être à court de produits sulfurés, puisqu’elle a fait venir des soufrières italiennes de grandes quantités de soufre que nos nouveaux alliés ont laissées, fort imprudemment et pendant longtemps, pénétrer chez nos ennemis.

L’acide nitrique est habituellement et depuis longtemps, fabriqué en traitant par l’acide sulfurique le salpêtre du Chili ou nitrate de soude dont les gisemens chiliens exportent chaque année près de 3 millions de tonnes, employées, soit comme engrais, soit comme matière première des industries chimiques. Cette source doit être à l’heure actuelle, du moins nous l’espérons, fermée aux Allemands. Mais on peut aussi fabriquer l’acide nitrique, soit à partir de l’azote de l’air, qui se combine directement à l’oxygène, dans l’arc électrique, soit à partir des produits ammoniacaux. Ceux-ci sont eux-mêmes des résidus de la distillation de la houille, si abondante en Allemagne ; d’autre part, on peut aussi produire l’ammoniaque physiquement, directement à partir de l’azote de l’air et de l’hydrogène. Pour passer de l’ammoniaque à l’acide nitrique, le trop célèbre chimiste Ostwald, apôtre de l’organisation germanique par les pastilles incendiaires, a réalisé un procédé ingénieux qui consiste simplement à faire passer un courant d’air, d’abord dans une solution ammoniacale, puis dans un tube légèrement chauffé et contenant de la mousse de platine. On peut se demander si les Boches ont, à l’heure actuelle, suffisamment industrialisé ces procédés pour suffire à leurs énormes besoins d’acide nitrique. La question est, en tout cas, de savoir si leur rendement à cet égard, qui n’est pas illimité, ne sera pas nécessairement et, pourvu qu’on le veuille fermement, dépassé par celui des Alliés, qui, eux, ne redoutent aucune pénurie de nitrates et de pyrites.

Reste enfin la plus importante des matières premières des poudres colloïdales : le cotonv

A l’heure où nous écrivons ces lignes, les gouvernemens français et anglais viennent de déclarer le coton contrebande de guerre