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outillage donnent, toute satisfaction aux envahisseurs de la Belgique.

Borkum est donc le point d’appui de la flotte allemande le plus rapproché de l’Angleterre. On se rappelle que c’est aux atterrages de cette île que s’est arrêtée la poursuite de l’escadre des croiseurs de bataille angla is, à la fin du brillant combat du Doggerbank (25 janvier 1915) où succomba le grand croiseur cuirassé Blücher. On peut considérer d’ailleurs l’île comme le pivot de l’aile gauche du dispositif général de la flotte allemande, l’aile droite s’appuyant à Sylt, île du groupe de la Nord-Friesland, tandis que le centre est soutenu par Helgoland avec, pour ligne de retraite et noyau de défense, la position de Cüxhaven-Brunsbüttel, dans l’estuaire de l’Elbe.


Je passe rapidement sur les îles qui forment, entre Borkum et Wangeroog, les grains du chapelet de la Frise orientale, les unes, comme Juist, Baltrum, Langeoog et Spikeroog, habitées par de simples pêcheurs, tandis qu’une autre, Norderney (qui s’insère entre Juist et Baltrum), adoptée par la mode, est devenue une très brillante station de baigneurs.

C’est la dernière île du groupe, celle de Wangeroog, qui, bordant exactement la passe extérieure la plus profonde de la Jade[1], est chargée de défendre les abords de Wilhelm’s haven, le grand arsenal allemand de la mer du Nord.

Nos adversaires ont longtemps hésité avant de fortifier cette île. La question était délicate. Wangeroog, éloignée de 8 kilomètres environ de la côte ferme, est à 28 kilomètres du fort le plus avancé de Wilhelm’s haven, celui de Rüstersiel. Il y a bien, à la pointe de Schillig-Horn, qui forme le mouillage extérieur de la Jade et qui reste à quelque douze kilomètres de

  1. Ce qu’on appelle la Jade est un golfe, affectant grossièrement la forme d’une gourde, profond de 36 kilomètres environ et où se jette, vers la petite ville de Varel, le pauvre ruisseau qui lui donne son nom.