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présence de ces chiffres, on comprend l’intérêt que portent les manufacturiers anglais aux résultats des plantations de cotonniers qui ont été faites depuis quelques années au Soudan oriental.

Ces résultats sont très encourageans. Les indigènes connaissent cette culture depuis fort longtemps et la pratiquent, pour la majeure partie de la récolte, sans aucune assistance européenne, généralement sur des terrains arrosés par la pluie. Grâce aux débouchés que la conquête anglo-égyptienne a ouverts, grâce aussi aux efforts des exportateurs et à ceux des agens du gouvernement, la production cotonnière du Soudan a beaucoup augmenté, passant d’une moyenne de 68 000 quintaux (de 45 kilogrammes) en 1905-1909 à 98 000 en 1908-1909 et à 150 000 en 1909-1910, contribuant en 1911 pour près de 7 millions de francs à l’exportation, et sa qualité s’est améliorée à tel point qu’elle est maintenant presque égale à celle des qualités égyptiennes ordinaires. Le coton de la vallée de Tokar près de la Mer-Rouge peut même, dit-on, être assimilé, dans une certaine mesure, aux qualités supérieures.

Si réellement, comme l’a prétendu dans un rapport paru en 1912, M. Tottenham, inspecteur général des irrigations, « aussitôt que la population se sera développée suffisamment dans les vastes plaines qui s’étendent sur la rive Est du Nil et que traverse l’Atbara, l’irrigation artificielle de 5 millions d’hectares dans le Soudan central et oriental sur toute l’étendue desquels le coton peut fort bien pousser, sera réalisable, le Soudan égyptien deviendrait une des plus riches colonies africaines. » Pour en être convaincu, il suffit de considérer, d’une part, que le territoire cultivable de l’Egypte mesure seulement environ 2 millions et demi d’hectares dont près du quart est chaque année cultivé en coton, et que, d’autre part, le coton alimente, bon ou mal an, près de 90 pour 100 de l’exportation égyptienne. L’extension de la culture cotonnière est donc pour le Soudan une question vitale.


IX

Le gouvernement soudanais ne s’est pas contenté d’exécuter, puis d’exploiter lui-même tous les travaux publics, il s’est souvent inspiré de cette idée que son intervention active,