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différens permettent déjà de caractériser cette civilisation, proche parente de celle dont elle est apparemment issue et pourtant originale. Une mission envoyée par le Muséum de l’Université de Pennsylvanie a fait des fouilles à quelque distance au Sud de Wady-Halfa, près de la deuxième cataracte, dans des nécropoles de diverses époques au milieu des ruines d’une ville et d’un château fort et dans les enceintes de deux temples de la XVIIIe dynastie. Elle a encore travaillé plus au Nord, sur deux autres sites. Au-dessus de la troisième cataracte M. J. H. Breasted a exécuté en 1905-1906 des fouilles pour le compte de l’Université de Chicago dans les ruines du temple de Sesebi jusqu’ici attribué à Seti Ier et en réalité édifié vers 1370 par le roi hérétique Ikhnaton (Amenhotep IV), puis, à quelque distance, du précédent, sur l’autre rive du Nil, dans le temple de Soleb, œuvre d’Amenhotep III, l’un des plus importans monumens, de la vallée du Nil, digne d’être mis en parallèle avec le temple de Louqsor[1] et deux autres monumens mal définis. Elle a mis au jour quantité d’inscriptions et une masse d’objets d’un haut intérêt dont la description et la reproduction remplissent plusieurs volumes[2]. Plus au Sud, à Kerma, non loin de Dongola, des tombes de la sixième dynastie ont été découvertes. On travaille également, près de la quatrième cataracte, à Gebel Barkal, sur l’emplacement de la ville de Napata, la capitale primitive du Soudan, où sont groupées les ruines de plusieurs tombes et pyramides.

Entre Sennar et le Nil, un riche industriel, M. Welcome, fondateur et bienfaiteur du laboratoire désigné par son nom, qui fonctionne à Khartoum comme une annexe du Gordon Collège., dirige lui-même l’excavation de sépultures préhistoriques que ses collaborateurs font remonter au XVe ou au XVIe siècle avant Jésus-Christ.

Enfin le gouvernement du Soudan, aux frais d’un comité de donateurs, d’une part, l’Université de Liverpool de l’autre, exécutent d’importans travaux déjà très fructueux, dans l’île de Meroé[3], cette région circonscrite par l’Atbara, le Nil Blanc,

  1. J. H. Breasted, Monuments of sudanese Nubia, II, 1908.
  2. D. Randall-Maciver and Leonard Woolley (1909), Areika, Karanog, the Romano-nubian cemetery (1910) Karanoçj the town (1911), Buhen (1911) ; — F. L. Grîfftth, Karanog, the meroitic inscriptions of Shabul and Karanog (1911).
  3. J. W. Crowfoot, The Island of Mêroe and meroitic inscriptions (1911) ; — J. Garstang, H. Sayce and F. L. Griflith, Meroé (1911) ; — J. Garstang and W. George, Fourth interim report on the excavations at Meroé ; — J. Garstang Annals of Archeology, vol. III, p. 57, IV, p. 45 et V, p. 73.