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Dans toutes ces régions, « le paysage naturel typique est celui de la savane. Celle qui couvre le Nord du Bahr et Ghazal, jusqu’au Kir et la rive droite du Nil, entre Doufilé et le Sobat, s se présente sous l’aspect de nappes continues de très hautes herbes avec des bouquets d’acacias, de tamarins, de sycomores, de palmiers éventails, des baobabs isolés, parfois des forêts, sur les protubérances granitiques de la plaine et, loin des rivières, des brousses, presque toujours sèches[1]. »

Ce paysage offre un aspect peu attrayant. Monotone et sans perspective, il donne une impression d’ennui et de tristesse. Les agglomérations urbaines sont encore moins dignes d’être vues. Intéressant pour les archéologues, le Soudan Egyptien, ce paradis des chasseurs, n’est point à recommander aux touristes simplement amateurs de pittoresque.

Ceci est particulièrement vrai de sa meilleure partie, celle du moins qui est le plus apte à récompenser immédiatement les efforts réalisés en vue de son amélioration, la longue péninsule formée par le Nil Blanc et le Nil Bleu et qui est connue sous le nom de Ghezireh (l’Ile). Quelque peu sablonneuse dans les environs de Khartoum, cette plaine, formée par les alluvions des deux fleuves, devient de plus en plus fertile à mesure que l’on avance vers le Sud. C’est sur l’aire de ce triangle que se limiteront vraisemblablement, pendant de longues années, les efforts des ingénieurs qui entreprennent en ce moment les grands travaux d’irrigation, conçus suivant les méthodes qui ont été expérimentées en Égypte avec tant de succès.

La faune de ces régions, tout au moins à l’Est et au Sud, est plus riche qu’en aucune autre partie de l’Afrique. On y rencontre des troupeaux d’éléphans et d’hippopotames, des buffles, des zèbres, des bouquins, des antilopes, des gazelles, des lions, des léopards, etc. Le bétail est la principale et même la seule richesse d’un grand nombre de tribus. Très nombreuses à l’état sauvage, surtout dans le Kordofan occidental et dans le Darfour septentrional, les autruches sont domestiquées par les indigènes, et leurs plumes font l’objet d’un commerce important.

En vue d’assurer la conservation du gibier, le gouverne-mont, non content d’imposer aux chasseurs un droit de licence très élevé et de taxer plus ou moins lourdement, suivant

  1. J. Machal, Les conditions géographiques du Soudan égyptien. Revue générale des sciences, 15 juillet 1899, p. 516.