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empressement l’invitation américaine, semblait dans les milieux commerciaux, un peu hésitante. Cependant le gouvernement persista dans son dessein : le 10 mai 1912, il avait accepté l’invitation fédérale ; le 29 novembre 1913, M. Tirman est nommé commissaire général ; le 31 janvier 1914, le gouvernement dépose un projet de crédit de deux millions de francs. Le 10 mars 1914, le président du Conseil confirme les intentions du gouvernement et, dans les séances du 13 juillet 1914, M. Gaston Thomson, ministre du Commerce, de l’Industrie et des P. T. T., soutient devant la Chambre et le Sénat le projet de l’ouverture des crédits de l’Exposition.

Mais les protestations, qui gagnaient de proche en proche les groupemens industriels ou commerciaux, recevaient, à la Chambre de Commerce de Paris, un grave écho. Le nouveau régime douanier des Etats-Unis était, dit-on, particulièrement dur pour la France ; il ne comportait aucun dégrèvement pour les produits de luxe exportés par elle. Les commerçans français se plaignaient des indiscrétions, en France, de la douane américaine. Les porcelainiers de Limoges avaient des démêlés avec le Trésor américain. Ils reprochaient à la douane américaine d’avoir, en dépit d’accords d’août 1908 et de septembre 1912, entre la Chambre de Commerce de Limoges et le département des Finances des Etats-Unis, réclamé un arriéré de taxes, dont le total n’était pas inférieur à vingt-cinq millions de francs. Les fabricans de plumes critiquaient la prohibition absolue qui atteignait, à l’exclusion des plumes d’autruche et d’oiseaux domestiques, les plumes brutes ou travaillées. D’une façon générale, le commerce se plaignait que les exposans n’eussent pas, pour l’Exposition, les facilités douanières indispensables et la garantie de leur propriété industrielle. La loi, qui avait été votée pour l’Exposition de Saint-Louis, ne conférait de protection, en termes explicites, qu’aux œuvres littéraires, artistiques et musicales. Au fond, le commerce, en s’abstenant, gardait obstinément l’espoir d’amener le gouvernement fédéral à des concessions, législatives ou douanières.

Prétentions inopportunes et protestations exagérées.

Si le nouveau tarif était sévère pour la France, c’est que, dans sa nouvelle loi douanière, issue de préoccupations sociales, le gouvernement fédéral avait entendu dégrever les objets de première nécessité et maintenir les charges qui grevaient les