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Sans force, dans l’ombre, à présent,
Le Christ immobile est gisant.
Qui roulera pour nous la pierre,
La lourde pierre du tombeau,
Et dans la grotte quel flambeau
Nous guidera de sa lumière ?


II. — L’APPARITION DES ANGES


La tombe ouverte est vide ; avec l’air du matin,
Le jour librement y pénètre ;
Ce n’est pas un mirage, un reflet incertain,
Rien ne nous reste plus du Maître.

C’en est donc fait, ô Christ ! Nous ne les verrons
Vos mains dont le geste délivre,
Vos yeux dont le regard guérit, Seigneur Jésus,
Vous sans qui nous ne saurions vivre !

Heureux les affligés qui pleurent sur un corps !
Nous n’avons qu’une pierre nue ;
Le Seigneur est perdu dans la foule des morts,
Englouti par l’ombre inconnue.

Hommes vêtus de blanc, redoutables et beaux,
Dont l’épée au jour étincelle,
Ayez pitié de nous, ô gardiens des tombeaux !
Voyez notre angoisse mortelle.

Puisque le Christ n’est plus, une dernière fois
Laissez-nous adorer ses restes,
Et demander encore à sa bouche sans voix
L’écho des paroles célestes.

Par pitié, rendez-nous son corps martyrisé,
Afin que notre amour l’embaume,
Et qu’à genoux autour de lui, le cœur brisé,
Nous chantions le funèbre psaume !