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libérer l’Afrique du Sud, quand il était à l’Ecole militaire de Blœmfontein. » Cela remontait au second semestre de 1912, et, à cette époque, il entra en communication avec le gouverneur général de l’Afrique Occidentale allemande. Le résultat fut un accord, d’après lequel, dès que le « général » S. G. Maritz aurait proclamé l’indépendance de l’Afrique du Sud et engagé la lutte contre l’Angleterre, le gouverneur de l’Afrique Occidentale allemande viendrait à son aide. Une fois l’Afrique du Sud britannique déclarée indépendante, le gouverneur s’emploierait pour la faire reconnaître par l’Empire allemand et la faire comprendre dans les termes de la paix générale.

Le signal de la révolte devait être donné par Beyers, le 15 septembre. Il se proposait d’emmener ce jour-là le général De la Rey, opposé aussi à l’expédition projetée, au camp de Potchefstroom, l’ancienne capitale du Transvaal, et de se servir de son autorité pour entraîner les hésitans. Un accident fit échouer ce projet. Les deux généraux, en route pour leur destination, avaient à traverser Johannesburg. Or, ce jour-là, un cordon de police entourait la ville pour arrêter trois bandits qui tentaient de s’échapper. Le chauffeur ne s’étant pas arrêté à la sommation d’une sentinelle, celle-ci fit feu. Le général De la Rey fut tué sur le coup, par une balle qui, après avoir frappé le sol, ricocha. Le plan avait avorté.

Maritz s’était jusqu’alors tenu tranquille. Mais le gouvernement avait des soupçons et l’appela à Pretoria. Se sentant suspecté, Maritz leva le masque : le 9 octobre, il déploya le « Vierkleur, » le drapeau de l’ancienne République sud-africaine, et envoya comme prisonniers aux troupes allemandes ceux de ses hommes qui avaient refusé de se joindre à lui.

Le 12 octobre, le gouvernement proclamait la loi martiale. Une semaine plus tard, le général Beyers, à la tête d’un commando rebelle, se mettait en devoir de soulever le Transvaal occidental. Le 23 octobre, la rébellion éclatait dans l’Etat libre : le général Christian de Wet, oublieux de sa signature apposée au traité de Vereeniging et de son serment de fidélité, avait pris le commandement des révoltés. Ni Beyers, ni Wet ne faisaient aucune allusion à Maritz et à l’aide attendue des Allemands. Ils affirmaient vouloir organiser seulement un mouvement de résistance passive contre le gouvernement, et ils invoquaient