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REVUE SCIENTIFIQUE

SUR LES PROPRIÉTÉS DES SUBSTANCES EXPLOSIVES

Mes lecteurs n’attendent point de moi que je leur fasse ici des révélations « sensationnelles » sur les progrès que nous avons pu faire depuis un an dans le domaine des explosifs et qui nous aideront à bouter dehors l’ennemi. Ce n’est point l’heure de parler des inventions jaillies du sol national depuis quelques mois et qui ont fortifié l’armure de la France. Un jour pourtant, après la victoire,… bientôt sans doute, je raconterai l’histoire de quelques-unes de ces inventions.

Pour aujourd’hui, je voudrais seulement rappeler quelques notions dès longtemps connues sur les substances explosives, afin de mettre un peu de clarté dans le fatras technologique dont une partie de la presse encombre quotidiennement l’entendement du public, l’arrosant, avec un beau mépris de l’exactitude, d’une pluie d’hérésies tellement monstrueuses que les rares cheveux des chimistes s’en dressent quotidiennement sur leurs têtes laborieuses de débonnaires tueurs d’hommes.

Un très grave journal publiait par exemple, il y a quelques jours, la note suivante :

« On lit dans la Pall Mail Gazette : A la conférence de la Société d’Industrie chimique tenue ce matin, M. Reid, ex-président de la Société a fait les remarques suivantes qui ne manqueront pas d’étonner nombre de gens :

« J’ai vu dans certains journaux, a-t-il dit, que le coton est un élément indispensable de la production des obus fortement explosifs : vous aurez peut-être peine à me croire, mais on n’emploie en quelque sorte pas de coton dans cette fabrication. Il peut y avoir des traces de