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UN CHAPITRE
DE
L’HISTOIRE DES « ATROCITÉS » ALLEMANDES[1]

LE DÉPART DES BAIGNEURS RUSSES
(AOÛT 1914)


Tout au long de leur histoire, les Allemands se sont acquis la réputation d’être plutôt trop humains. (Gazette de Cologne, 14 juin 1915.)


Dès le lendemain du jour où l’Allemagne nous a déclaré la guerre, des bruits inquiétans ont commencé à pénétrer chez nous sur les souffrances de toute espèce infligées à ceux de nos compatriotes russes que l’annonce de cette déclaration avait surpris en territoire allemand, et dont les uns, le plus grand nombre, se trouvaient alors en train de faire leur cure annuelle dans les diverses villes d’eaux allemandes, tandis que d’autres avaient à traverser l’Allemagne en revenant d’Autriche, de Suisse, ou de France. Puis, bientôt, ces premiers bruits se sont changés en des renseignemens beaucoup plus détaillés sur la conduite brutale, absolument inhumaine, aussi bien des populations que des autorités allemandes à l’égard de tous les Russes surpris en Allemagne, sans en excepter même les femmes et les enfans.

  1. Nemetzkie Zvierstva (Les Atrocités allemandes), par A.-S. Rezanof. 1 vol. in-8o. Petrograd, librairie du Novoïe Vrémia, 1915. — J’ai cru pouvoir me dispenser, dans le résumé qu’on va lire, de reproduire les noms des nombreux témoins russes dont les signatures nous garantissent l’entière exactitude des faits racontés par M. Rezanof. Qu’il me suffise d’affirmer que ces noms se trouvent cités à chaque page du livre de l’écrivain russe, et qu’il n’y a pas dans ce livre un seul trait de « barbarie » allemande dont la relation ne s’accompagne d’un imposant appareil de « références » justificatives.