Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/472

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils trouvent à la fois des indications utiles et un stimulant. Autant l’intervention des Chambres est dangereuse lorsqu’elle dépasse la mesure et empiète sur un terrain qui n’est pas le sien, autant elle est salutaire lorsqu’elle s’y enferme. Ce n’est pas le moment de rechercher ce qu’il en a été dans ces derniers mois et peut-être la censure ne le permettrait pas ; mais dans une œuvre qui devait être inévitablement un peu mêlée, les Commissions de l’armée de la Chambre et du Sénat ont rendu des services à la défense nationale. Elles ont vu et obligé de regarder des choses qui avaient besoin de redressement ou de complément. M. le ministre de la Guerre, qui était mis en cause, a été le premier à reconnaître que son œuvre n’était pas parfaite : aussi a-t-il fait appel à la critique et s’est-il montré tout disposé à en tenir compte. Mais qu’un autre eût mieux fait à sa place, nous avons à ce sujet bien des doutes. M. Millerand a donné des chiffres qui permettent de mesurer arithmétiquement l’étendue et l’efficacité de son effort. Le mérite en apparaît encore plus grand si on veut bien se rappeler que la région de la France la plus riche en charbon et en usines est entre les mains de l’ennemi. Nous ne voudrions pas établir de comparaisons qui seraient peut-être déplacées ; mais, dans la limite des moyens dont nous pouvions disposer, personne en Europe n’a fait mieux que nous. Nous continuerons et nous ferons plus encore et les Commissions des Chambres y auront contribué : tout ce que nous nous permettons de leur demander est de rester dans ce rôle. On vient de créer trois sous-secrétaires d’État à la Guerre. C’est beaucoup et cependant, si les bruits qui courent sont exacts, nous avons été menacés de davantage. Dans un de ses articles du Figaro, M. Alfred Capus dit spirituellement qu’il faut être satisfait d’avoir trois sous-secrétaires d’État, puisque nous avons pu en « craindre » quatre. Il y a eu évidemment une demi-mainmise du parlement sur le ministère de la Guerre. Il ne s’agit pas ici des hommes. Nous ne pourrions dire que du bien de M. Joseph Thierry dont on connaît le bon esprit, l’expérience et le talent. Nul ne le soupçonnera d’ambition, puisque, ayant été ministre et étant destiné à le redevenir, il a accepté un simple sous secrétariat d’État : il n’a été évidemment guidé que par le souci du bien à faire. Il est impossible d’être plus éloigné de nos idées que M. Albert Thomas, qui est socialiste unifié et a même montré, en d’autres temps, qu’il ne l’était pas à moitié. Qu’importe s’il a vraiment les qualités qu’on lui prête et si, avant d’être sous-secrétaire d’État à la Guerre, il a fait une sorte de noviciat et y a rendu de réels services ? Les questions d’opinion ne comptent plus