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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les Chambres seraient-elles infatigables ? On ne sait pas encore si elles prendront des vacances. Souhaitons qu’elles le fassent, comme à l’ordinaire, en cette saison. Ce sera de leur part un bon exemple de sang-froid, au surplus, elles peuvent compter sur leurs présidens pour les convoquer s’il y a lieu de le faire : M. Antonio Dubost et M. Paul Deschanel ne manqueront pas à ce devoir. Peut-être les choses s’arrangeront-elles ainsi, et ce sera alors pour le mieux. En temps normal, le gouvernement prononce lui-même, dans le cours de juillet, la clôture de la session ordinaire. Il a déclaré très fièrement qu’il ne renonçait pas et qu’il ne pouvait pas renoncer à une des prérogatives essentielles du pouvoir exécutif, mais il a ajouté plus modestement que, pour cette fois, il ne l’exercerait pas et que les Chambres auraient pleine liberté de siéger ou de ne pas siéger. Peut-être ne pouvait-il pas faire autrement : en temps normal, il y a un budget voté à cette époque de l’année, et il n’y en a pas aujourd’hui. On vit sur des douzièmes provisoires. Les Chambres viennent d’en voter trois, que demandait le gouvernement. L’auraient-elles fait si elles n’avaient pas été sûres qu’il ne serait pas porté atteinte à leur permanence ? Il est probable qu’un accord a eu lieu entre le gouvernement et elles, mais c’est le gouvernement qui y a mis du sien.

Cet accord est d’ailleurs chose excellente. L’inconvénient serait grave si, à l’heure difficile où nous sommes, le moindre dissentiment se manifestait entre les pouvoirs publics et l’on doit faire, de part et d’autre, tout ce que la conscience permet pour maintenir l’harmonie. Que penserait le pays, que penserait l’étranger, si elle venait à être troublée ? Mais il ne faut pas s’en tenir à ce bienfait d’un ordre général : on ne saurait nier que l’intervention parlementaire n’ait eu, ces derniers temps, quelques heureux résultats. Les ministres les plus intelligens et les plus laborieux ont besoin d’un contrôle dans lequel