Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 28.djvu/382

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

janvier 1915, une hausse très forte, — de 25 pour 100 à 30 pour 100, — qui intéresse exclusivement la viande de bovidés. Pour le mouton et le porc, cette hausse est insignifiante ou médiocre. Si nous relevons les cours cotés à la Villette pour la viande nette de première qualité, à un an d’intervalle, nous voyons que dans la première semaine de juin, on a payé :

1 fr. 88, en 1914, pour le bœuf, contre 2 fr. 50 en 1915 ;
3 fr. 20, en 1914, pour le mouton, contre 2 fr. 80 en 1915 ;
1 fr. 90, en 1914, pour le porc, contre 2 fr. 08 en 1915.

À la date précise dont nous parlons, il y avait donc lieu de noter une hausse notable pour le bœuf ; une baisse pour le mouton, et une hausse légère pour le porc.

Il faut donc faire une distinction. Au lieu de parler, — en général, — de la destruction de notre troupeau, contentons-nous de dire que nos effectifs de bovidés ont certainement diminué.

Ces pertes ne sont pas faites pour nous surprendre. L’état de guerre et l’entretien de plus de trois millions d’hommes sous les armes comportent des sacrifices de ce genre. Tout le monde le sait, ou tout le monde le devine. Mais faut-il s’alarmer et admettre que nous allons manquer de viande ou abattre notre dernier bouvillon ? Évidemment, non. Voici précisément quelques réflexions très modérées et très sages qu’inspire à M. Maurice Quentin l’étude des disponibilités de notre cheptel national :

« Il importe, dit-il dans le rapport déjà cité, de chiffrer les ressources que peut offrir le cheptel français, tel qu’il existe actuellement, tel qu’il est à supposer qu’il se maintiendra pendant les mois à venir.

« Pour préciser l’importance des besoins et notamment pour faire aux exigences de la défense nationale la part qui leur revient dans les élémens de ce calcul, nous avons déjà procédé à la comparaison des existences du troupeau bovin à la fin de 1913 et à la fin de 1914. Déjà, nous savions celui-ci appauvri en ces cinq mois de crise à peu près autant qu’en dix mois de période normale, et nous retenions une diminution atteignant dans l’ensemble 11 pour 100, qui ira se perpétuant