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à l’entrée et à la sortie. Le mouvement des capitaux donnait 516 millions à l’entrée, 321 à la sortie, ce qui laissait un excédent de 11) 5 millions. M. Carcano, ministre du Trésor, en exposant ces résultats à la Chambre le 8 décembre 1914, lui présentait en même temps l’ajustement (assestamento) du budget en cours, celui de 1914-1915, pour lequel il prévoyait des dépenses de 3 847 millions en face de 2 400 millions de recettes. Mais ce déficit ne l’effrayait pas. Comme il le disait, il est des époques où les ministres doivent thésauriser, il en est d’autres où ils doivent savoir dépenser. A l’heure présente, ajoutait-il, ceux-là mêmes qui furent les gardiens les plus sévères de l’équilibre budgétaire, comprennent la nécessité souveraine de pourvoir énergiquement et rapidement à ce que réclame la sécurité nationale. Déjà, des crédits supplémentaires avaient été accordés, jusqu’à concurrence d’un milliard de lire environ, pour l’armée et la marine. D’autre part, les recettes sont restées inférieures aux estimations. Mais, selon la forte parole de M. Carcano, la politique financière, en ce moment, doit s’occuper du Trésor et non pas du budget. Il voulait dire par-là qu’il s’agit de remplir les caisses de l’Etat, sans se préoccuper des charges qui en résulteront pour les contribuables.

Dans la même séance, le ministre déposait le projet de budget pour 1915-16. Les recettes étaient estimées à 2 621 et les dépenses à 2 575 millions, ce qui laissait un excédent de 46 millions. Il n’est pas utile de nous étendre sur ces évaluations, qui sont bouleversées par l’entrée dans le conflit du royaume romain. Il est toutefois intéressant de noter que M. Carcano pensait que l’équilibre du budget serait rétabli, grâce à l’élasticité dont les divers chapitres auxquels il s’alimente n’ont cessé de faire preuve. L’addition d’un décime aux impôts directs et à la taxe sur les affaires, certaines taxes nouvelles constituées par la loi du 19 juillet 1914, ont augmenté d’une centaine de millions les prévisions de rentrées. Le décret royal du 27 septembre 1914 a modifié l’impôt sur les donations et successions : celui du 22 octobre a élevé les droits de timbre, la taxe sur les cartes à jouer, établi un impôt sur les billets des totalisateurs, soumis au droit de quittance un certain nombre d’actes qui en étaient exempts jusque-là, augmenté les taxes sur les concessions gouvernementales et les actes administratifs, sur les automobiles et les motocycles. Le décret du