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1881-1890 s’est soldée par un déficit de 355 millions ; celle de 1891-1900 n’a été en perte que de 263 millions. Dès 1896, les excédens apparaissent et se maintiennent régulièrement, si bien que la décade 1901-1910 donne un boni de 678 millions. Ce fut l’ère brillante, marquée par deux événemens importans : le retour du change au pair et la conversion de la rente.

Sous le ministère Crispi, lorsque l’impôt sur les coupons des fonds publics avait été porté de 13,20 à 20 pour 100, le 5 pour 100, qui n’était donc plus en réalité qu’un 4 pour 100, était tombé à 73. En même temps, la prime sur l’or s’était élevée à près de 16 pour 100 ; la valeur de la lira, à un moment, n’était plus que de 85 centimes français. Au cours de cette période, de nombreux emprunts avaient été contractés : une partie avait servi à combler les déficits, une autre à couvrir les dépenses de chemins de fer. D’autre part, il avait fallu comprendre dans la dette publique du royaume celle des États qu’il s’annexait, le capital des annuités servies à la Caisse ecclésiastique, les indemnités payées aux villes de Turin et de Florence, quand on leur enleva le rang de capitales.

Lorsque la politique africaine, qui avait entraîné le pays à l’expédition d’Abyssinie, se réduisit a l’occupation de l’Erythrée, et qu’un arrangement commercial fut conclu avec la France, la face des choses changea. En 1906, la rente 4 pour 100, déclarée à tout jamais affranchie d’impôts, avait dépassé le pair. Elle fut convertie par Luzzatti en un 3 1/2 différé, qui se maintint aux environs de 100 jusqu’à la guerre contre la Turquie. Les dépenses de l’expédition en Tripolitaine et en Cyrénaïque furent couvertes par les excédens des années précédentes et par l’émission de bons du Trésor 4 pour 100 à cinq ans d’échéance, que les banques italiennes souscrivirent et placèrent dans leur clientèle. En janvier 1915, dans un esprit de haute prévoyance, le gouvernement procéda à l’émission, au taux de 97, d’un emprunt consolidé 4 1/2 pour 100 d’un milliard de lire, qui a été souscrit à l’intérieur du royaume. Cette somme a couvert les dépenses encore en suspens de la guerre de 1911-1912 et celles des préparatifs de 1914. Les titres ne sont pas remboursables avant le 1er janvier 1925. Ils devront être amortis au cours des quinze années suivantes, c’est-à-dire de 1925 à 1940, par rachat ou autrement.

En même temps que la population passait de 22 à 36