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façon heureuse : on en déduisit entre autres choses cette conclusion, manifestement erronée, que l’augmentation de la charge n’augmente pas le rayon de l’entonnoir. L’homme qui devait corriger cette erreur, et qui, au XVIIIe siècle, a le plus fait pour l’art du mineur, fut Bernard Forest de Bélidor. On lui doit des expériences, restées mémorables, qui furent faites à La Fère, en 1725. L’une d’elles consista à creuser 4 puits de profondeurs diverses (entre 3 m. 20 et 4 m. 16) aux quatre angles d’un quadrilatère formé de galeries en pente reliant entre eux ces puits. A l’intérieur du quadrilatère, on établit un fourneau de mine qui se trouvait à des distances différentes des galeries et des puits, et à 3 m. 20 sous le sol ; celui-ci reçut une forte charge de poudre. L’explosion se produisit, et l’inspection de ses effets fit voir que les galeries étaient crevées jusqu’au quadruple de la ligne de moindre résistance (3 m. 20) et que le rayon de l’entonnoir croissait indiscutablement avec la charge de poudre.

Ce fut là une première expérience scientifique ; bien d’autres ont suivi. Mais tandis que celle de Bélidor passait inaperçue et dédaignée en France, en Allemagne on l’accueillait avec enthousiasme, on la répétait, on la vérifiait, on en faisait son profit. Combien de fois n’est-ce pas arrivé depuis !

Aujourd’hui, toute la technique des mines repose sur un ensemble d’expériences minutieusement conduites, et a été condensée en un certain nombre de formules et d’équations précises. Des ouvrages spéciaux, destinés aux mineurs, leur fournissent les données qui leur sont nécessaires, et tous les renseignemens utiles sur la façon de procéder selon les circonstances, le terrain, le but poursuivi.

Ce dernier est très variable.

On a employé les mines à ouvrir la brèche jusqu’à la Révolution, — et même ces dernières années, à Port-Arthur, au fort n° 11. Si l’opération a échoué, cela a tenu aux mitrailleuses russes contre lesquelles les assaillans, une fois dans la place, étaient sans défense. Jusqu’à l’époque où l’artillerie a été dotée de canons puissans et à longue portée, les mines pouvaient faire plus que le canon, pour l’ouverture de la brèche, préface de l’assaut.

Elles ont été employées à la surveillance et à l’attaque des mines adverses. Telle fut leur utilisation à Tuyen-Quan, par