Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 27.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

extérieures et sont de nature, soit à rapprocher soit à brouiller nos deux pays.


L’exposé qui vient d’être présenté de l’attitude de l’Espagne dans cette guerre formidable laissera peut-être au lecteur une impression mélangée, résultant du malaise dont souffrent nos voisins, ballottés qu’ils sont en sens contraires, comme d’autres neutres, et qui ne s’accordent pas très bien sur la voie à suivre ; mais leur prêter de mauvais desseins serait tout à fait excessif. Il ne s’agit après tout que de malentendus, de différends momentanés et faciles à régler d’un commun accord : rien, absolument rien n’est à prendre au tragique. Et après la victoire de nos armes, ces malentendus, ces différends seront bien vite apaisés. L’Espagne se rapprochera de nous spontanément, non pas parce qu’elle nous craindra, ce qui serait indigne d’elle, mais parce qu’elle nous estimera davantage. Alors la divine Méditerranée, berceau de la civilisation gréco-latine, redeviendra le mare nostrum, le lac de bonne compagnie, où évolueront fraternellement les escadres de la France, de l’Italie et de l’Espagne, où une place digne d’elles sera réservée à l’Angleterre et à la Russie et où nous serons heureux de voir flotter, à côté des nôtres, les pavillons des nations balkaniques, définitivement délivrées de la tyrannie germanique.


A. MOREL-FATIO.-