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une telle lutte, nul ne peut rester simple spectateur, nul de ceux au moins qui, profilant de leur situation géographique, réalisent depuis de longs mois des gains considérables en se faisant les pourvoyeurs de l’une des parties belligérantes et, en tout état de cause, influent, volontairement ou non, sur la durée de la guerre, sinon sûr ses résultats.

Ce n’est pas tout, et les intérêts de l’action exclusivement militaire des alliés seraient satisfaits autant que ceux de leur action économique, si l’ouverture d’un nouveau théâtre d’opérations, celui de la Baltique, leur permettait d’agir enfin, d’une manière directe, sur ce sol allemand qui n’a vu qu’un moment, un moment bien court, les fumées d’un camp ennemi. Je ne veux pas, dans cette étude que doit embrasser l’ensemble des opérations navales, traiter d’une manière particulière une question aussi importante que celle de l’expédition à laquelle je fais allusion. Aussi bien les timides s’écrieraient-ils sans doute que c’est assez déjà de celle que nous avons entreprise dans le Levant et qu’il convient d’y voir plus clair de ce côté-là avant de porter ses regards sur le Nord de l’Europe. Remettons à un peu plus tard la discussion de l’attaque à laquelle les Allemands, étonnés de notre immobilité, s’attendent depuis plusieurs mois déjà, puisque, dès la pointe du printemps, ils fortifiaient les positions qui couvrent, au Nord du Slesvig, cette très précieuse ligne de communications intérieure qu’est leur canal maritime. Je me borne à conclure, sur le point qui nous occupe, qu’aussi bien au point de vue militaire qu’au point de vue économique, il faut que l’encerclement, l’investissement soit complet d’un adversaire d’ailleurs si puissant encore, en tout cas si habile à profiter du moindre oubli, de la moindre défaillance des coalisés qui le pressent, de la moindre fissure du dispositif d’attaque auquel il a à faire face.


Que dirai-je des opérations navales dans la mer du Nord, qui semblait devoir être le théâtre principal de la guerre maritime ? Elles y sont nulles, absolument nulles. Les Allemands n’ont aucun intérêt, surtout dans la belle saison, qui se prête médiocrement aux coups de surprise, à renouveler avec ce qui