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LA SITUATION NAVALE
COUP D’ŒIL D’ENSEMBLE

Le dixième mois de cette grande guerre est fini. Un été nouveau commence sur les champs ensanglantés, sur des mers qui ont enseveli déjà tant de cadavres… Où en sommes-nous ? Où allons-nous ? Telles sont les questions qui se posent devant les esprits attentifs. Un marin, semble-t-il, n’y devrait répondre qu’en se cantonnant strictement dans sa spécialité. Cela n’est pas possible. Dans un conflit aussi vaste, aussi compliqué que celui-ci et qui met en jeu par une contrainte également puissante tous les ressorts de l’organisation nationale, on ne peut, quand on se recueille pour réfléchir sur l’ensemble de la situation, à un moment donné, séparer ceci de cela, ni l’action militaire de l’action politique, ni l’effort extérieur de l’effort intérieur, ni surtout les opérations navales des opérations continentales, auxquelles elles se rattachent par les liens d’une étroite solidarité.

Qu’on me pardonne donc si, au cours de cette brève étude et pour mieux expliquer ce qui se passe, — ou ce qui pourrait se passer, — sur mer, je me trouve conduit à exprimer une opinion discrète sur ce qui se passe à terre ; si même, empiétant sur le domaine très réservé de la politique étrangère, je me hasarde à montrer de quel poids pèserait dans la balance la puissance navale, si elle pouvait s’employer à fermer exactement, inexorablement, toutes les avenues par où viennent encore à l’Allemagne