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fraîcheur de la jeunesse ; elle doit cet avantage à sa robuste santé et aux bains froids qu’elle prend chaque matin et dans toutes les saisons.

Ancien diplomate, puis secrétaire du roi d’Angleterre, M. Hamilton n’est plus maintenant dans les affaires, mais garde ses entrées à la Cour, où il connaît tout le monde, et dont il sait toutes les nouvelles. Il est particulièrement lié avec le prince d’Orange, qu’il a vu bien souvent l’hiver dernier passer les soirées dans le monde, les nuits au bal et souper les matins chez lady Dudloy. Une des singularités dont il a été témoin fut la rencontre à la Cour du prince Léopold et du prince d’Orange. Celui-ci avait brigué sans succès la main de la princesse Charlotte d’Angleterre, avant d’épouser la grande-duchesse russe Anna Pavlovna.

Son entrevue avec son rival fut des plus cordiales. « Il serait étrange, disait-il ensuite, qu’après m’avoir soufflé ma femme ; Léopold me soufflât aussi mon royaume. » Depuis, cette seconde partie de la destinée s’est accomplie, sans que les rapports entre les deux princes aient cessé d’être amicaux.

Après une visite aux volières, où les cages réservées aux oiseaux des différentes espèces sont disposées selon les rayons d’un cercle, nous sommes revenus à la laiterie, vrai bijou de luxe, telle qu’on peut s’imaginer celle de Marie-Antoinette à Trianon ; de là, bien que la distance soit grande, une galerie couverte ramène au château ; elle sert de promenade pendant l’hiver et se double d’une autre pareille, au-dessus, fermée par un vitrage et remplie de pots de fleurs.

Le lendemain matin, ma toilette finie, je me suis perdue dans la maison en cherchant la Reine, qui, de son côté, errait au hasard dans les salons. Le bibliothécaire nous attendait pour nous faire les honneurs du musée, élégant et spacieux bâtiment, construit exprès pour les œuvres d’art qu’il renferme ; dans une rotonde qui le flanque et qui s’éclaire par le plafond, on a placé le groupe des Trois Grâces, par Canova. Un buste de l’Empereur a fait l’admiration de la Reine, comme un des plus beaux et des plus ressemblais qui soient.

L’après-midi a été employée tout entière à visiter les serres, les jardins et les dépendances. Un bois charmant, planté d’arbres séculaires, sert de promenade d’hiver ; au-delà, s’étend un parc immense, fermé de murs, où paissent des troupeaux de