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Il parait qu’on veut prêter un but politique à la présence de ma mère en Angleterre : ma mère s’y trouve parce qu’elle n’a pas voulu se séparer du seul fils qui lui reste. Ayant pris parti pour la cause sacrée de l’indépendance italienne, j’ai dû me réfugier en Angleterre, la France m’étant encore fermée. Ma mère n’aspire qu’au repos et à la tranquillité.

Quant à moi, loin d’avoir des idées d’ambition, mon seul désir serait de servir ma patrie, ou la liberté dans les pays étrangers, et il y a longtemps qu’on m’aurait vu comme simple volontaire dans les rangs glorieux des Belges ou ceux des immortels Polonais, si je n’avais craint qu’on n’imputât à mes actions des vues d’intérêt personnel et que mon nom n’inquiétât le monde diplomatique, qui ne saurait croire aux dévouemens désintéressés et à la sympathie qu’inspirent les peuples malheureux. »


C’est lui qui, de concert avec M. Bruce, le célèbre voyageur, réussit en 1815 à sauver de l’échafaud le comte de Lavalette.

Le soir, dans son salon, la Reine est revenue à dessein sur les erreurs répandues par la presse française ; elle a prié ses amis anglais de l’aider à rétablir la vérité.


Dimanche, 19 juin.

Les mensonges répandus sur elle ont décidé la Reine à prolonger son séjour à Londres et à y faire connaître sa présence, en se montrant le plus possible dans la société.

Invitée à déjeuner pour jeudi chez la duchesse de Bedford, elle accepte, et comme elle a précédemment refusé pour le même jour chez la duchesse de Saint-Alban, elle croit bon d’aller s’en excuser d’abord au château d’Hampstead. Lady Glengall est de cette partie, comme elle le sera le lendemain du somptueux déjeuner manqué par la Reine. On entendra Paganini, qui recevra cinquante louis pour une heure de musique, et tout sera luxueux, pompeux, ainsi qu’il est de règle chez la duchesse de Saint-Alban.

Cette personne passe pour la plus riche de Londres, mais elle y est peu considérée. Simple fille de la campagne, elle venait a la ville vendre ses légumes, quand elle fut rencontrée par M. Kuntz, le plus gros banquier de la Cité. Le premier geste du crésus fut d’offrir à la villageoise le chèque d’une somme